À l’occasion de la 21e édition des Imaginales (premier festival français des littératures de l’imaginaire, à Épinal), l’équipe de Lumières en Arts a eu le plaisir de s’entretenir avec une écrivaine contemporaine aux multiples ressources : Laëtitia Reynders. Retour sur une carrière littéraire qui, en dix ans, s’est jouée de nombreux thèmes.

Une écriture soignée

Lors de la sortie de son premier roman, La Gardienne du miroir en 2012, Laëtitia Reynders avait déjà décidé de mettre la barre haute. L’histoire se passe en Meuse prés de Vaucouleurs, au château de Gombervaux que le diable aurait construit en 1338. Laëtitia nous explique : « Quand on se rend sur place, on voit dans le contrebas une petite tour : c’est le château que l’on peut visiter, un superbe endroit, entouré d’eau. C’est là que j’ai décidé d’implanter mon histoire et d’y faire évoluer la légende. »

Une trilogie a été nécessaire pour aller au bout de l’aventure (1. Louise, 2. Samaël, 3. Michaël), car l’histoire se poursuit sous différents points de vue afin de jouer sur le bien et le mal. Toutes les paroles, tous les écrits, se fondent sur la Bible. De manière positive avec l’Archange, de manière négative avec le Démon. On se demande si l’écrivaine n’aborde pas également d’autres champs de la littérature comme Pandémonium, capitale imaginaire de l’Enfer où Satan convoque le conseil des démons. Laëtitia Reynders s’est confiée sur son mode de fonctionnement : « Hormis Mashka, je ne connais pas la fin de mes livres lorsque j’en commence l’écriture. Je laisse aller mon imagination au gré des jours ». Férue de théologie, elle a beaucoup étudié le Coran et la Bible. Ces connaissances revues en amont du travail d’écriture n’encombrent pas la narration : au contraire, elles enrichissent un texte fluide et sans cesse surprenant.

Une suite logique

En dehors de ses connaissances bibliques, la romancière a beaucoup de connaissances en psychologie. On retrouve en effet des syndromes dans pratiquement tous les livres. Dans ses thématiques de polars, chaque livre traite de la santé mentale. Comme par exemple, Mask of Sanity où l’on retrouve le syndrome du psychopathe. Le deuxième est The Golden Child  où l’on retrouve le syndrome de l’enfant. Dans le troisième il s’agit du syndrome du tueur, avec ses caractéristiques patibulaires, qui est explicite et qui se nomme Nora 47,XYY. Vous pouvez notamment retrouvez la dernière sortie du quatrième tome publié au moi de mai dernier : The Dark Triad. La production de ses livres reste ainsi régulière et non sporadique.

Outre ces points d’histoire religieuse, la romancière belge établie en France depuis quelques années flirte avec talent dans le domaine de la psychologie. On en retrouve des effets dans tous ses livres. Par exemple, chacun de ses polars traite de la santé mentale. En témoigne sa série Nora. Mask of Sanity met en scène un psychopathe. Une mystérieuse enfant évolue dans The Golden Child. 47,XYY nous tient en haleine sur la piste d’un tueur particulièrement imaginatif. Et le dernier paru en mai, The Dark Triade, confronte l’inspecteur Aubertin aux rites d’une ancienne civilisation gauloise.

« Tout se lie quand j’écris. Je suis autodidacte, je laisse aller les choses, mon imaginaire trouve le chemin. Je ne fais pas de plan. Dans l’écriture, il y a deux familles d’écrivains : l’architecte qui monte une charpente, le jardinier qui sème la graine et regarde cette graine germer. Je me vois comme une jardinière. Je ne voulais plus éditer Rouge poison, mais trois éditeurs m’ont répondu à l’époque. L’aventure a commencé en 2012, depuis je ne me suis plus arrêtée. » Voici dix ans cette année que son premier livre a été édité.
L’écriture de Laëtitia Reynders a évolué, son style s’est affirmé, elle a su garder sa verve tout en étoffant de mieux en mieux ses histoires. Elle a gagné de nombreux prix, dont celui de la meilleure romance contemporaine en 2014. « Quand j’écris, j’évite de lire car je suis une éponge. Je suis éclectique. Je lis beaucoup de choses, du classique, de l’horreur, du feel good ». Elle a su ne pas entrer davantage dans des détails descriptifs pour laisser libre l’imagination du lecteur qui doit s’approprier les images suggérées par les mots. Ses productions ont l’effet d’arcanes dispersés dans le monde de la littérature.

Si vous ne la connaissiez pas encore, foncez ! Lisez ses polars ! Ce samedi 11 juin dernier, l’équipe du magazine lui a remis à Nancy le trophée « Coup de cœur Lumières en Arts » dans la catégorie : « Talent Arts et Lettres ». L’ensemble de l’équipe de Lumières en Arts vous recommande la lecture des œuvres de l’écrivaine aux nombreux savoir-faire : Laëtitia Reynders.

 

Sarah Leroy

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