Court (en instance)

Court (en instance) Affiche

Un film de :
Chaitanya Tamhane
Avec :
Vira Sathidar
Vivek Gomber (The Letters)
Geetanjali Kulkarni
Durée : 1h56
Distributeur : Survivance
Au cinéma : 11 mai 2016

Le jeune réalisateur Chaitanya Tamhane, 28 ans, a su montrer avec sobriété, sans emphase, sans coup d’éclat, les aberrations d’une justice dont les méfaits, hélas, ne datent pas d’hier et ne se limitent pas à l’Inde. Les scènes au tribunal sont construites comme un documentaire fiction. Le récit est d’une banalité ordinaire, ce qui amplifie notre perception de la violence de ces injustices.

L’action de « Court » se passe à Bombay. Le film montre avec une subtile habileté le procès d’un homme dont le tribunal veut faire un terroriste qui porte atteinte à la sécurité de l’état. Ce « terroriste » est un chanteur qui se produit sur de modestes chapiteaux installés dans des quartiers populaires. Artiste engagé qui dénonce l’injustice sociale, ce que la loi n’interdit pas, il va faire l’objet de fausses accusations, répréhensibles celles-là, pour le faire taire. Il est d’abord accusé d’avoir chanté un texte qui aurait poussé un égoutier au suicide. Il risque dix ans d’incarcération. Après une série interminable d’audiences qui maintiennent cet homme en prison, il finit par être relâché sous caution pour être aussitôt arrêté par la police, pour association de malfaiteurs cette fois.
On finit par apprendre, grâce aux investigations de son avocat, que l’égoutier, qui est effectivement mort dans un égout deux jours après le tour de chant, a été victime d’un accident lié à son alcoolisme, quant aux malfaiteurs, ce ne sont que les trois malheureux musiciens de l’orchestre qui ont l’habitude de se réunir dans un local pour des répétitions.

L’avocate accusatrice utilise des arguments de mauvaise foi, souvent frisant le ridicule, citant à la barre des faux témoins, pour convaincre la cour de la culpabilité de l’accusé, ce que le juge ne met jamais en doute.

Le film a reçu de nombreuses récompenses : quinze fois primé, notamment comme meilleur film par le festival de Venise de 2014, et nommé à des titres divers dans de nombreux festivals

 

Christian de Rouffignac et Léa Berroche

Fleuron

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