Cette exposition retrace en 16 points le parcours chronologique du peintre à travers 150 œuvres représentées.
Génie du XX ème siècle, Miró, au même titre que Picasso et Dali s’essaye à  tous les mouvements picturaux et s’inspire notamment de Cézanne.
Boulimique de créativité, ses peintures détaillistes sur la nature et les animaux vont le pousser peu à peu vers Paris.
Sa rencontre avec les écrivains et poètes tels que, Aragon, Eluard, Queneau et bien d’autres va lui ouvrir d’autres perspectives.
La montée du fascisme, la guerre civile espagnole en 1936 se reflètent sur ses œuvres tourmentées, incandescentes et le bombardement de Guernica ne fait qu’ ‘ accentuer ses angoisses.
 » El Segador » représentant un paysan espagnol en révolte  traduit une scène ouvertement politique.
Il y a le peintre mais aussi le sculpteur et le travail de la céramique va donner à Miró un élan, une puissance qui révèlera toutes les facettes de son talent.

C’est en 1961, de retour à Palma de Majorque que l’artiste créera ses premières œuvres monumentales  » Bleu I, Bleu II et

bleu III ».

 

Témoignages de ses luttes, de ses protestations, les toiles de Miró se traduisent par une énergie primitive, une puissance créative qui le caractériseront tout au long de son existence.

 Léa Berroche rédactrice au magazine lumières en arts

 

L’exposition rassemble au Grand Palais plus de 150 œuvres de Miro conçues entre 1917 et 1974. Une œuvre foisonnante rythmée par les évolutions de ses émotions, de ses exubérances, de ses révoltes, de son énergie, dominée par un désir d’échapper aux canons de la peinture conventionnelle qu’il veut, selon ses propres mots, « assassiner ». Elle est présentée dans 16 salles, chacune correspondant à une période marquée par des influences résultant soit du mouvement artistique du moment, comme le fauvisme, le cubisme, le détaillisme ou le surréalisme, soit de ses origines catalanes, soit encore de l’endroit où il s’est établi gré de ses coups de coeur, en Espagne, Mont-roig, Barcelone, Palma de Majorque, mais aussi Paris, rue Blomet, ou Varengeville-sur-Mer. Ici, il s’imprégnera des paysages qui vont orienter sa peinture ; là, il va côtoyer des artistes, peintres, sculpteurs, compositeurs, poètes, écrivains avec lesquels il sera en osmose.

Juan Miro ne peut s’abstraire des crises qui bouleversent la vie de ses contemporains. Il est horrifié par la montée des fascismes, comme en Allemagne avec le nazisme, qui lui inspire des toiles sombres, traduisant sa profonde angoisse. Un triptyque terminé en 1974, intitulé « l’Espoir du condamné à mort », est bouleversant à la fois par sa simplicité picturale et par son témoignage. Une simple ligne noire : le garrot qui a mis à mort de la façon la plus atroce le jeune Salvador Puig Antich, condamné au supplice par la dictature franquiste. Y est calligraphié le mot « Espoir », allusion amère à ce condamné qui a longtemps espéré une grâce qui n’est pas venue ? A 84 ans, Miro est encore capable de révoltes comme à son plus jeune âge.

Tout n’est pas sombre chez Miro, loin de là. Ses peintures sont souvent d’une grande gaité, ses couleurs dansent sur la toile comme des papillons multicolores virevoltant dans un champ de fleurs un matin d’été. A la fin de sa vie, il donnera libre cours à son imagination, en jouant des couleurs, des formes, souvent informes, ne sachant a priori ce qu’il va peindre, la forme pouvant jaillir d’une tache sans signification, s’imposant à lui, malgré lui. On l’imagine gesticulant devant sa toile, la piétinant, la déchirant, allant jusqu’à la brûler partiellement dans un achèvement paroxystique.

Pourrais-je citer les oeuvres que j’ai particulièrement aimées ? La liste est trop longue, je refuse de choisir. Cependant, je dois reconnaître que les peintures dites « sans titre » ou dénommées simplement « peinture », sont celles devant lesquelles je suis resté le plus longtemps. Un titre fait appel à la raison, on cherche la raison du titre, surtout chez Miro dont les dessins se résument parfois à des formes-signes ou même à un simple trait. L’absence de titre laisse une plus large place à l’émotion.

L’exposition fermera ses portes le 4 février 2019. Ne laissez pas passer cette rétrospective de très grande qualité. On la doit au talent de son commissaire, Jean-Louis Prat, qui a conçu une balade attrayante où l’on découvre les milles facettes de cet artiste inclassable. N’oubliez pas de vous munir à l’entrée du petit fascicule bleu, très bien fait, qui vous guidera tout au long de votre parcours.

C. de Rouffignac, Rédacteur au magazine « Lumières en Arts ».

Infos pratiques:

GRAND PALAIS, GALERIES NATIONALES
3, avenue du Général Eisenhower
75008 Paris

www.grandpalais.fr

 

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