Genre: Biographie

Pays: USA

Durée: 2h20
Réalisateur : Aaron Sorkin

Acteurs: Jessica Chastain, Idris Elba, Kevin Costner

À presque quarante ans cette année, Molly Bloom aura vécu plusieurs vies. Gamine, son père, psychologue, la pousse à se dépasser pour devenir une championne de Ski à bosses. Dans la réalité sa mère avait connu une brillante carrière de skieuse. Opérée d’une scoliose grave, elle se relève et remonte sur la piste. Un grave accident met fin à sa promesse de jeux olympiques et la pousse à choisir une autre voie. C’est ainsi qu’elle se retrouve à Los Angeles pour des études de droit. Pour les payer, elle assiste un des patrons de la Viper Room organisant des parties de poker pour célébrités. C’est à cette table qu’elle croise des acteurs célèbres et d’autres personnalités venues s’affronter par l’intermédiaire des cartes. Elle est rémunérée au pourboire, touchant des sommes astronomiques. Le premier soir, elle se fera 3000 dollars.

Une des vedettes lui propose de monter ses propres parties et de s’affranchir de son ancien patron. Tout lui sourit, rien ne semble l’arrêter dans son ascension au cœur de l’ombre. La partie s’achève par un coup de trop, une demande absurde de son associé. Devant son refus, il met fin à leur partenariat et la black-liste sur la ville. Qu’importe, habituée à rebondir, connaissant les règles du jeu, elle transporte la partie dans les quartiers de Wall Street à New York. Elle relance la mise et de nouveau, donne les cartes. Le champagne et le caviar coulent à flots, comme l’argent. Les jours heureux, hélas, touchent à leur fin quand la mafia tente de faire main basse sur la bonne affaire. Molly ignore que la chute est proche, mais rassurons-nous, toute sa vie, elle a su rebondir.
C’est la première réalisation du scénariste Aaron Sorkin. Il est connu pour explorer les rouages du système, les figures emblématiques comme dans la série A la maison blanche, La Guerre selon Charlie Wilson, The social Network, Steve Jobs, Le Président et Miss Wade. Le film est loin du Loup de Wall Street, plus incisif, plus perturbant et plus profond sur sa thématique du pouvoir et de l’argent. Il brasse les mêmes thématiques plus sagement, ascension, chute et rédemption, argent et pouvoir. À sa décharge, c’est un premier film avec tout ce que cela comporte d’envie de faire bien et parfois trop.

Cette année, le cinéma aime ces histoires de personnages au bord du néant qui redressent la tête, tout espoir n’est jamais perdu. C’est le cas des Heures sombres, Dunkerque, etc. Le soleil se couche et meurt pour renaitre chaque matin, nous promettant un nouvel horizon. La vie de Molly Bloom est l’exemple parfait du rêve américain. Il représente la métaphore de ces personnages à terre, condamnés à l’oubli, qui pourtant se relèvent et font front. La première chute à ski de Molly est une métaphore de sa vie. Jessica Chastain confirme, avec ce rôle, sa capacité à tout endosser, donnant au personnage un soupçon de doute sur ses motivations. Elle tient Le grand jeu d’un bout à l’autre, épaulée par Kevin Costner en père psychologue, avec une séquence finale en forme de raccourci d’une thérapie de plusieurs années. Le film souffre de certaines longueurs. Il lui manque un regard plus acerbe et plus sombre sur l’ascension, la chute et la rédemption de son héroïne.

A la fin, elle se rachète une conduite en refusant de dénoncer les habitués de son cercle, encore inconnus. Somme toute, elle est une jeune femme honnête et travailleuse trompée par la méchante mafia russe. C’est une conclusion un peu légère et manichéenne. Elle méritait un peu plus de gris. La vraie Molly est une femme tenace, qui ne se laisse pas faire et sait mener sa barque. C’est d’ailleurs ce que laisse percevoir le jeu tout en finesse et relief de Jessica Chastain. Ce que les mots ne nous dévoilent pas, ses gestes nous le racontent. La vraie Molly Bloom refusa plusieurs adaptations. Nous comprenons mieux son accord pour cette version plus héroïque de sa vie. On trouvera les noms de personnalités citées dans un premier procès dans le livre de Molly Bloom. Nous attendrons avec impatience le prochain film d’Aaron Sorkin, quelques séquences restent prometteuses. Le grand jeu est malgré tout intéressant pour ce qu’il dévoile d’Hollywood et de ces idoles qui, après tout, ne sont que des êtres humains comme nous.

Patrick Van Langhenhoven critique cinéma

 

Fiche technique

• Titre français : Le Grand Jeu
• Titre original : Molly’s Game
• Titre québécois : Le Jeu de Molly
• Réalisation : Aaron Sorkin
• Scénario : Aaron Sorkin, d’après les mémoires Molly’s Game: From Hollywood’s Elite to Wall Street’s Billionaire Boys Club, My High-Stakes Adventure in the World of Underground Poker de Molly Bloom
• Décors : Patricia Larman
• Costumes : Susan Lyall
• Photographie : Charlotte Bruus Christensen
• Montage : David Rosenbloom
• Musique : Daniel Pemberton
• Production : Mark Gordon et Amy Pascal
• Budget : 30 millions $
• Sociétés de production : Entertainment One, Pascal Pictures, Huayi Brothers Pictures et The Mark Gordon Company
• Sociétés de distribution : STX Entertainment (États-Unis), SND Films (France)
• Pays d’origine : États-Unis, Chine
• Langue originale : anglais
• Format : couleur — 2,35:1
• Genre : drame, biographie, thriller
• Durée : 140 minutes
• Dates de sortie : 3 janvier 2018
• Classification : R (Restricted) aux États-Unis , tous publics en France

Distribution

Jessica Chastain lors de la première du film au festival international du film de Toronto 2017.
• Jessica Chastain (VF : Rafaèle Moutier ; VQ : Aline Pinsonneault) : Molly Bloom
• Idris Elba (VF : Frantz Confiac ; VQ : Patrick Chouinard) : Charlie Jaffey, l’avocat de Molly
• Kevin Costner (VF : Bernard Lanneau ; VQ : Marc Bellier) : Larry Bloom, le père de Molly
• Chris O’Dowd (VF : Lionel Tua ; VQ : Tristan Harvey) : Douglas Downey
• Brian d’Arcy James (VF : Mathieu Buscatto ; VQ : Antoine Durand) : Bad Brad
• Michael Cera (VF : Hervé Grull ; VQ : Nicholas Savard L’Herbier) : joueur X
• J. C. MacKenzie (en) (VF : Guillaume Lebon ; VQ : Yves Soutière) : Harrison Wellstone
• Bill Camp (VF : Paul Borne ; VQ : Guy Nadon) : Harlan Eustice
• Graham Greene (VQ : Denis Mercier) : le juge Foxman
• Jeremy Strong (VF : Laurent Maurel ; VQ : Alexandre Fortin) : Dean Keith
• Joe Keery : Cole
• Michael Kostroff : Louis Butterman, l’ancien avocat de Molly
• Natalie Krill : Winston
• Madison McKinley : Shelby
• Claire Rankin (VF : Laurence Breheret) : Charlene Bloom, la mère de Molly
• Mary Ashton : Tracy
• Angela Gots (VF : Audrey Sourdive)
• Morgan David Jones : Brennan
• Samantha Isler : Molly Bloom, jeune

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