Un film de :
Joe Wright (Locke-Anna Karenine)titre – titre)
Avec :
Gary Oldman (enfant 44-Man Down)

 Stephen Dillane(The Crown-tunnel-Game of Thrones)
 Lily James (Guerre et paix-Baby Driver)

Durée : 2h05
Distributeur :  Universal Pictures International France
Au cinéma le 3 janvier 2018

On connait l’homme de guerre, on se souvient notamment de celui qui a su insuffler courage et détermination aux londoniens sous les bombes de Hitler, mais on connait peu l’homme de l’entrée en guerre. Les heures sombres retrace la période du 10 mai au 4 juin 1940 où Churchill fut confronté à un dilemme : entrer en guerre en dépit de l’impréparation du pays et de la situation désespérée de l’armée anglaise encerclée dans la poche de Dunkerque, ou négocier une paix avec les nazis.

Nommé Premier Ministre par le roi Georges VI qui en aurait préféré un autre, ayant des opposants dans son propre parti, il se retrouve seul, conscient des responsabilités qui pèsent sur lui. Les membres de son cabinet de guerre sont pour la négociation mais il est convaincu qu’une nation qui accepte la défaite sans combattre va à sa perte. On découvre alors un Churchill qui doute, loin de l’image d’homme résolu que nous en avions. Effrayé par les conséquences probables pour la nation d’une entrée en guerre, il trouve conseil et réconfort auprès de Clemmie, son épouse depuis trente ans, avec laquelle il forme un couple fort, aimant et uni. Il l’écoute, comme il écoute sa secrétaire particulière, suivant ou non leurs avis. Bien que ne se faisant aucune illusion sur la valeur de la parole d’Hitler, il est prêt à accepter la médiation de Mussolini en vue d’une négociation pour mettre fin à la guerre. Torturé par cette éventualité, il fuit son entourage pour se précipiter dans le métro londonien. C’est là, conforté par les opinions de voyageurs anonymes, qu’il va prendre sa décision, une décision qui changera l’issue de la guerre.

On retrouve l’homme tel que nous le connaissons, plein de fougue, un verre de whisky à la main, le cigare aux lèvres, en haut de forme, faisant le V de la victoire. Mais on le découvre râleur, emporté, imprévisible, piquant des colères phénoménales, habillé comme l’as de pique, recevant dans son lit, se laissant déranger alors qu’il est dans ses toilettes! On le voit ici engueulant son proche entourage, terrorisant sa secrétaire à ses débuts, injuste et de mauvaise foi, avec un humour déroutant, mais faisant aussi parfois preuve de tendresse ou de compassion. Sa principale force : le sens du verbe. Son discours du 4 juin devant le parlement, par la beauté, la force et la simplicité de la langue, fait basculer l’opinion des opposants.

Le film recrée l’Histoire. Tout y contribue, les décors, les dialogues, la puissance des personnages, les figurants et bien entendu les acteurs. Gary Oldman est Churchill. C’est lui ! C’est sa voix, sa silhouette, sa démarche. Prodigieux. Une magnifique performance d’acteur, un superbe travail des maquilleuses ! On en oublierait injustement Kristin Scott Thomas qui incarne une épouse résolue, forte, à la personnalité aussi marquée que celle de son mari, faisant jeu égal avec lui, et la jeune et fraîche Lily James en secrétaire particulière dévouée, sous le charme du grand homme. Une mention spéciale pour Ben Mendelsohn qui donne une remarquable interprétation du roi Georges VI. Tous les acteurs, des rôles les plus prestigieux aux plus modestes, se sont approprié leur personnage. Mille bravos à Joe Wright qui a réalisé ce film captivant et à toute l’équipe technique.

Un grand film.

C.de Rouffignac  et Léa Berroche rédacteurs au magazine « Lumières en art 

Fleuron

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