Mandarines

Un film de :
Zaza Urushadze (Here Comes the Dawn – Three Houses)
Avec :
Lembit Ulfsak (Vedma – The Fencer)
Elmo Nüganen (Frères ennemis)
Misha Meskhi (Le fric)
Durée : 1h27
Distributeur : ACE Entertainment Films
Au cinéma : 6 avril 2016

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[dropcap style= »normal or inverse or boxed »]D[/dropcap]’un coté, il y a Ivo et Markus. Uniques habitants d’un village d’Abkhazie qui semble oublié de tous. De l’autre, la guerre avec son flot de combattants rompant la quiétude de ce lieu. Tous deux sont estoniens. Leurs familles sont retournées en Estonie. Eux, sont attachés à leurs maisons, leur village, leur terre. Markus y cultive des mandarines. Ivo lui fabrique des cagettes pour les transporter. Un jour, une fusillade éclate non loin de la maison de Markus. Sur la petite dizaine d’hommes, il ne reste que deux survivants. L’un est un mercenaire tchétchène, l’autre est géorgien. Ces deux ennemis resteront en convalescence sous le même toit, celui d’Ivo. Triste paradoxe d’espérer faire commerce de mandarines lorsque la guerre qui fait rage au sein du pays se dénomme si poétiquement « La Guerre des Agrumes »

L’Abkhazie souhaite être séparée de la République de Géorgie. Durant l’été 1992, le conflit s’intensifie et un accord de cesser-le-feu est conclu entre les dirigeants abkhazes, la République de Géorgie et la Fédération de Russie. Cet accord de paix non tenu donna lieu à la fin du cesser-le-feu et à la reprise des combats. L’appui par la Fédération de Russie aux forces abkhazes avec le renfort de troupes caucasiennes et tchétchènes provoqua des combats interethniques envenimant une situation déjà pleinement tendue.

Mandarines est loin d’être un film de guerre, mais plutôt un film sur la guerre, sur les guerres. Cette nuance trouve toute sont importance ici. Le conflit géorgien n’est qu’une toile de fond et l’histoire, malheureusement d’actualité quelque soit les époques, est déclinable à tous champs de bataille.

Zaza Urushadze réussit à faire un film profondément humain, à l’intelligence rare où le personnage d’Ivo en est le reflet. Un film à la morale majestueuse mais non moralisateur. Parfois violent, mais violent comme la vie et la mort savent l’être. Sans aucune gratuité comme dans les mauvaises productions. Un film d’homme sur des hommes où la seule présence féminine existe au delà du conflit, à travers une photo. Paradis lointain à la sérénité abstraite pour ses hommes vivant l’enfer et où la maison d’Ivo ferait office de purgatoire.

Seule note colorée du film dans ce huis clos brumeux : les mandarines. Mandarines d’or échappées du verger des Hespérides. Douces et acides, antonyme à l’image du film mêlant humour et tension, l’équilibre est parfait !

Julien Joanny

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Mandarines fut nommé aux Oscars et aux Golden Globes dans la catégorie « meilleur film étranger »

Lembit Ulfsak qui interprète Ivo, a reçu le prix du meilleur acteur masculin du siècle lors des 100 ans du cinéma Estonien