Du douanier Rousseau à Séraphine, les grands maîtres naïfs.

Jusqu’au 19 janvier 2020, le musée Maillol ouvre ses portes sur une exposition qui rassemble des œuvres de peintres dits naïfs, ou encore primitifs, voire « peintres du dimanche » car la plupart avait une profession telle que femme de ménage, lutteur de foire, employé des postes, botaniste ou retraité. Issus d’un milieu modeste, autodidactes, n’ayant fait aucune école, ils peignaient « à l’instinct ». Leur peinture est généralement joyeuse, faussement enfantine. Le souci du détail y domine, la perspective est volontairement malmenée, les couleurs sont souvent vives et appliquées en simple à-plat. Les immeubles, les ruelles, les fleurs, la campagne, les paysages, les bords de mer, les nus, y compris les cartes postales ou les catalogues, tout pouvait leur servir de sujet. Les peintures d’artistes comme André Bauchant, Camille Bombois, Ferdinand Desnos, Jean Eve, René Rimbert, Dominique Peyronnet, Louis Vivin sont largement représentées. Chacun a une histoire singulière que l’on découvre avec leurs œuvres. La plupart ont été méconnus de leur vivant.

Oeuvres de : Jean Eve, Nature morte aux huîtres. René Rimbert, Argenteuil. Ferdinand Desnos, Paul Léautaud et ses Chats. Dominique Peyronnet, La mer. René Rimbert, Impasse, André Bauchant, Autoportrait. Camille Bombois, Nature morte au homard. Dominique Peyronnet, La sieste. Louis Vivin, La basilique du Sacré Cœur

Seul le Douanier Rousseau, appelé ainsi car il appartenait à l’administration fiscale qui taxait l’entrée des marchandises à Paris, avait reçu une certaine reconnaissance, non sans être moqué par la profession.

Douanier Rousseau. Deux lions. Autoportrait. Le rêve.

Ces peintres exposaient au Salon des Indépendants qui, depuis 1884, accueillent des œuvres rejetées par les salons officiels, sans passer par les fourches caudines d’un jury. Certains ont été soutenus par des grands noms du milieu artistique comme Paul Signac, Guillaume Apollinaire, Alfred Jarry, Max Jacob ou Pablo Picasso. Un grand collectionneur et critique d’art, Wilhelm Uhde, a largement contribué à faire connaître bon nombre d’entre eux. Il avait pour femme de ménage Séraphine Louise, qui peignait de modestes toiles représentant des fruits ou des fleurs. Frappé par la puissance et l’originalité de sa peinture, Uhde l’encouragea à produire des tableaux de plus grande dimension et lui organisa des expositions qui la firent connaître sous le nom de Séraphine de Senlis, la ville dont elle était originaire.

Séraphine de Senlis, Marguerites blanches. Orange et trois quartiers d’orange. Les feuilles

Cette admirable exposition nous séduit par la fraîcheur, l’audace et la créativité de ces artistes dont une centaine d’œuvres sont rassemblées ici. On la doit au talent de Jeanne-Bathilde Lacourt, conservatrice en charge de l’art moderne au Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut de Lille Métropole et Àlex Susanna, écrivain, critique d’art et commissaire d’expositions.


Musée Maillol, 59-61 Rue de Grenelle, 75007 Paris, Tél 01 42 22 59 58, Site : www.museemaillol.com, Mail : contact@museemaillol.com. Métro : Rue du Bac.

Léa Berroche, Rédactrice au Magazine  lumières en arts.

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