Un documentaire de :
Jean-Baptiste Thoret
Avec :
Michael Mann
Peter Bogdanovich

Paul Schrader

Durée :
2h17
Distributeur :
Lost Film
Au cinéma le 8 novembre 2017

Ce film documentaire de Jean-Baptiste Thoret rassemble des témoignages d’inconnus et de personnalités du cinéma américain , recueillis au cours de  pérégrinations qui lui ont fait traverser les Etats Unis de New York à Los Angeles.  Il dresse un portrait des années 60-70 et de l’Amérique actuelle comme un tableau impressionniste, fait de petites touches colorées qui restituent une image saisissante de l’Amérique  de ces année-là. Il pose cette question simple: comment ce pays est-il passé des années hippies, celles de Easy Rider, à Donald Trump ? Nous n’allons pas tenir la gageure de vouloir résumer ici le foisonnement d’images, superbes, d’anecdotes, souvent très drôles et d’interviews, brillantes, que présente ce document.

Les «sixties » furent un âge d’or pour l’Amérique, du moins pour la population blanche, car la ségrégation raciale avait encore cours dans les Etats du sud. Durant ces années de consumérisme et de bien-pensance s’est développée une contre-culture rassemblant la jeunesse qui rejetait les canons de cette société et s’opposait à la guerre du Vietnam. Ce fut une période d’une grande richesse cinématographique. Bon nombre d’américains en garde aujourd’hui encore un souvenir nostalgique. La société a basculé au milieu des années 70 avec Nixon  qui, en dépit de ses promesses de ramener les boys au pays, a intensifié le conflit. Cette guerre a créé une fracture profonde dans la population, car les jeunes gens éduqués, les blancs de la côte est notamment, en étaient exemptés. Ceux qui partaient croyaient défendre la Liberté en combattant l’hydre communiste. A leur retour, meurtris  physiquement et psychologiquement,  parqués dans des hôpitaux dédiés

accusés d’être des tueurs d’enfants, ils étaient rejetés par ceux là-mêmes qui avaient échappé à l’armée.

L’âge venant, ces mêmes hippies constatant leur incapacité à transformer le monde, se sont alors repliés sur eux-mêmes, comme l’a fait la société américaine dans son ensemble. De « tous ensemble » ils sont devenus des « moi moi moi » ne pensant qu’à se sauver du marasme ambiant et à faire de l’argent. C’est en cela qu’ils ont tout foutu par terre  (We blew it).

On apprend  comment ces anciens sixties.sont arrivés à voter Trump. Tel ce barbier de la route  66, tel autre du Tenesse ou de Californie, l’un  ancien démocrate, l’autre paradoxalement toujours fan de contreculture. Sur le plan politique le candidat démocrate Bernie Sanders avait rassemblé bon nombre de leurs descendants. Beaucoup ont voté pour un candidat anti-establishment comme lui.  Et Trump s’est présenté seul contre tous, pour le peuple, rassemblant un électorat hétéroclite, fait de routes 66, de laissés pour compte, d’anti-nantis, d’America first, d’anti-Clinton, d’antitout, avec des slogans parfois outranciers mais que savait entendre une Amérique déboussolée.

Un film fort, pertinent, qui ne vaut d’ailleurs pas que pour la seule Amérique….

Ps Arrivez à l’heure, le générique de début est époustouflant

Ce film français a été présenté au Festival 2017 du Cinéma Américain de Deauville.

Christian de rouffignac et léa berroche rédacteurs au magazine culturel Lumières en Arts

Fleuron

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