Nous sommes accueillis par une œuvre étonnante exposée pour la première fois à Paris: un tableau académique de grande dimension, « Science et Charité », qui représente un médecin assistant une malade allongée sur un lit. On est stupéfait de la maîtrise et la maturité de l’artiste quand on sait que Picasso n’avait pas 16 ans lorsqu’il a achevé cette peinture à l’huile ! L’exposition se poursuit dans une douzaine de salles où les œuvres sont présentées par ordre chronologique. Chaque salle rassemble sous un même thème des peintures, des sculptures, des dessins ou des objets comme des bouts de papiers, des bouts de bois, des morceaux de carton sur lesquels quelques simples traits ici ou là transforment ces supports en œuvre d’art. Dans chacune on découvre les évènements contemporains de ces œuvres, ou les correspondances, les réactions, les articles qu’elles ont inspirés, l’accueil qu’elles ont reçu, ou encore les études préparatoires de leur réalisation. La visite s’achève par des toiles exposées au palais des papes d’Avignon, au début des années 70. On apprend qu’elles ont suscité d’emblée une violente tempête médiatique. Leur prolifération et leurs thèmes, qui ici traitent explicitement de la sexualité, amènent certains à qualifier les œuvres de «gribouillages incohérents …… calamiteux barbouillages… » et leur auteur de « vieillard frénétique… sénile…obscène...». La plupart des journalistes rejetteront ces toiles qui tomberont rapidement dans l’oubli. Seuls quelques courageux défenseurs essaieront de les faire ressurgir de temps à autre. Elles devront attendre près de 30 ans pour être réhabilitées et reconnues.
Ce n’est pas l’absence de ces pièces maîtresses que sont Guernica et Les Demoiselles d’Avignon, conservées dans leur musée à Madrid et New York, qui nous ferons regretter notre visite. Loin de là ! On est subjugué par l’éclectisme de ce génie qui a exploré toutes les formes possibles de l’expression artistique, aboutissant chaque fois à des chefs-d’œuvre, qu’il s’agisse de peintures, comme les trois « Arlequin », de sculptures, telles les monumentales « Baigneuses » ou « la Chèvre », des thèmes également déclinés sur toile, ou encore d’assemblages d’objets métalliques ou de collages de papiers comme l’immense composition « Femmes à leur toilette » nouvellement restaurée. A côté de ces réalisations très abouties, on croise un cheval à roulette confectionné à partir d’une simple table roulante, destiné à son petit-fils, ou « L’Enfance de l’Art » un banal morceau de papier imprimé découpé en tête d’enfant face-profil.
Cette rétrospective du Musée National Picasso de Paris nous fait découvrir le génie de cet homme en explorant des œuvres, dont certaines nous sont peu familières, qui ont fortement marqué son parcours artistique pendant près de 75 ans de créations ! Elle fermera ses portes le 13 janvier 2019.
Christian de Rouffignac, Rédacteur au Magazine « Lumières en Arts»
Informations pratiques
L’exposition se tiendra du Mardi 4 septembre 2018 au dimanche13 janvier 2019 au Musée Picasso 5, Rue De Thorigny Paris75003 métro Chemin Vert ligne 8.
Ouvert du mardi au vendredi : 10h30 – 18h // Samedis, dimanches et Jours fériés (sauf les lundis) : 9h30 -18h00. // fermé le lundi
Tarif : 12,50€ // Tarif Réduit : 11€ Billetterie en ligne : réservez maintenant vos places
Email : contact@museepicassoparis.fr Url : http://www.museepicassoparis.fr
Quel sens a la notion de chef-d’œuvre pour Pablo Picasso ? L’exposition « Picasso. Chefs-d’œuvre ! » répond à cette question en réunissant des œuvres maîtresses, pour certaines présentées à Paris pour la première fois. Grâce à des prêts exceptionnels, des chefs-d’œuvre du monde entier dialogueront avec ceux du Musée national Picasso-Paris.
L’ensemble réuni propose une nouvelle lecture de la création picassienne, grâce à une attention particulière portée à la réception critique. Le parcours revient ainsi sur les expositions, les revues et les ouvrages qui ont accompagné chaque œuvre et qui ont contribué, au fil des années, à forger leur statut de chefs-d’œuvre. Les archives du Musée national Picasso-Paris occupent une place essentielle dans ce récit.
Commissaires :
Emilie Bouvard, Conservatrice au Musée national Picasso-Paris
Coline Zellal, Conservatrice au Musée national Picasso-Paris
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