Rita, avocate sans scrupule et ambitieuse, officie au sein d’un cabinet qui se soucie plus
d’innocenter ses clients criminels que de la condition des féminine. Manitas est un chef de
cartel sans scrupule qui fait appel à ses services pour une entreprise particulière. Il n’est pas
bien dans sa peau et sa condition, il rêve d’être une femme. Imaginez un jour que la mort
décide de se prendre pour la vie. Rita est chargée de trouver le meilleur chirurgien esthétique
et de préparer la nouvelle vie de Manitas devenu Emilia Pérez. Les deux femmes ne s’arrêtent
pas en si bon chemin et plus tard, créent une association humanitaire pour aider les familles
meurtries par les cartels. La question est : est-ce que tout ceci est suffisant pour blanchir son
âme ? Comme le dit le proverbe, est-ce que le naturel ne finit pas par revenir au grand galop
ou vous rattraper ? 

« Changer de corps, c’est changer de société » Rita dans Emilia Pérez
« Voilà un môme qui en a », aurait pu dire l’un des tontons flingueurs. Il fallait oser. Premièrement
choisir comme thème une comédie musicale sur fond de cartel de la drogue. C’est peu dire que l’un
et l’autre ne font pas forcément bon ménage, et pourtant ça marche. Deuxièmement, en faire un
mélo queer avec un tueur aux couleurs de Pablo Escobar, Manitas, changeant de sexe. C’est peu
commun, même du jamais vu, un type violent comme un typhon qui souhaite devenir la plus douce
des femmes. Jacques Audiard aime les personnages en bordure de la société, les cassés, les
marginaux au bord du gouffre. Il porte le projet depuis bien longtemps, d’abord l’envie d’une
comédie musicale, puis sa thématique forte de changer de vie et de sexe ensuite. Jusqu’à
maintenant, ce sont plutôt des figures masculines qui parcourent son cinéma, comme un caïd dans
Prophète. 
Nous remarquerons que son œuvre est souvent hantée par la violence et la paternité. L’image
du père revient encore dans Emilia Pérez, doublée de celle de la mère avec la transformation.
Pour la première fois, les femmes se retrouvent au cœur du récit et posent de nouvelles
questions. Le pouvoir des femmes peut-il transformer le monde ? C’était déjà une
interrogation sourde dans les années 70 qui devient essentielle aujourd’hui. Le changement de
sexe pose une autre question, celle de la violence des hommes. Les choix des personnages et
de leurs vécus semblent plus évidents au regard de ces questions. Les femmes du cinéma de
Jacques Audiard n’ont jamais été celles du Cave se rebiffe. Elles ont toujours eu un sacré
caractère qui se dévoile au fur et à mesure du récit. Elles ne subissent pas la vie mais en font
partie. Celles d’Emilia Pérez sont bien plus complexes et se questionnent sur la toxicité du
masculin menant souvent à la violence.
Nous retrouvons l’écriture soignée au cœur d’une mise en scène et des décors stylisés, avec
toujours la violence, la question de la virilité, la paternité en toile de fond, le désir, l’amour, la

jalousie et la trahison. Il échappe à la comédie musicale traditionnelle et particulièrement
française souvent rapportée à Jacques Demy, comme Les Demoiselles de Rochefort (1967).
Nous retrouvons dans Emilia Pérez cette volonté de mélanger les genres, même quand en
apparence ils ne sont pas compatibles. A ce propos, Jacques Audiard nous dit : « J’ai aussi
commencé à voir un scénario qui, à l’instar d’Emilia, traverserait les genres : noir,
mélodrame, comédie de mœurs, comédie musicale, télénovela… » Nous les traversons ainsi
avec une facilité enchanteresse. En compétition au 77 e festival de Cannes 2024, s’il ne
remporte pas une seconde Palme d’or, il est récompensé du Prix du jury et du Prix
d’interprétation féminine pour l’ensemble des actrices, chose peu fréquente également que
cette distinction attribuée à quatre personnes simultanément qui sans aucun doute la méritent
bien.


Fiche technique
Titre original : Emilia Perez
Réalisation et scénario : Jacques Audiard
Musique : Camille et Clément Ducol
Chorégraphie : Damien Jalet
Direction artistique : Virginie Montel
Décors : Emmanuelle Duplay
Costumes : Virginie Montel
Photographie : Paul Guilhaume
Montage : Juliette Welfling
Supervision musicale : Pierre-Marie Dru
Production : Jacques Audiard, Pascal Caucheteux, Valérie Schermann et Anthony Vaccarello
Sociétés de production : Why Not Productions ; France 2 Cinéma, Page 114, Pathé Films, Pimienta
Films et Saint Laurent Productions (coproductions)
Société de distribution : Pathé (France)
Budget : 26,9 millions d’euros
Pays de production : France, Mexique
Langue originale : espagnol
Format : couleur
Genre : comédie musicale, comédie policière
Durée : 130 minutes
Dates de sortie : 18 mai 2024 (Festival de Cannes) 21 août 2024

Distribution
Zoe Saldaña : Rita Moro Castro
Karla Sofía Gascón : Emilia Pérez / Juan « Manitas » Del Monte
Selena Gomez : Jessi Del Monte
Édgar Ramírez : Gustavo
Mark Ivanir : Dr. Wasserman
Adriana Paz : Epifanía

James Gerard :
Shiraz Tzarfati :
Agathe Bokja :
Lucas Varoclier : Diego, jeune
Tierso Pietriga : Diego, ado
Marie-Elisabeth Robert :
Eric Geynes :
Anabel Lopez :
Eduardo Aladro : Berlinger
Cyrus Khodaveisi : Docteur
Yohan Levy : soldat
Jonas Paz-Benavides : journaliste
Daniel Velasco-Acosta : Bodyguard
Emiliano Hasan : Gabriel Mendoza
Gaël Murgia-Fu : Angel, ado
Clara Jimenez : traductrice
Sébastien Fruit : El Flaco
Javier Zagoya Montiel : aumônier
Alonso Venegas Flores : journaliste Mexicain
Lin Chung Ting : personnel médical
Tulika Srivastava : docteure
Cyrus Khodaveisi : docteur
Daniel Velasco Acosta : Edgar
Magali Brito : La Ponchis
Pascal Toussirot :
Daniel Peraldi :
Paul Kai Te : Sicarius
Amanda Guzman Martinez: Figurante

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