Venus pour visiter les expositions permanentes du musée du quai Branly-Jacques Chirac, l’intitulé d’une présentation installée au premier étage nous a intrigués: « Fendre l’air » ! Renseignements pris, il s’agirait de vanneries japonaises rassemblées temporairement au premier étage du bâtiment. Totalement ignorants de ce que pourraient être ces vanneries, ne connaissant que les paniers tressés que l’on nous propose parfois au hasard des marchés, après quelques hésitations nous avons tout de même pris l’ascenseur. Quel ne fut pas notre étonnement à la vue de ces merveilles réalisées à partir de fibres de bambous !
Nous y avons appris que le travail du bambou a connu un essor particulier au Japon lors de l’arrivée du thé venant de Chine. Les premières vanneries servaient de décors destinés à l’arrangement floral de la cérémonie du thé. Le temps passant, les artisans ont exprimé leur virtuosité dans le tressage de la fibre en réalisant des objets utilitaires, comme les paniers, puis ont peu à peu laissé libre cours à leur inventivité en élaborant de véritables sculptures aux formes de plus en plus surprenantes. Aujourd’hui certains créateurs s’associent à des informaticiens pour développer des constructions qui échappaient jusque-là à l’imagination. Les savoir-faire se transmettent d’une génération à l’autre au sein de familles qui constituent de véritables dynasties dédiées à l‘art raffiné du bambou. Elles ont acquis au Japon le statut de Trésors Nationaux Vivants qui reconnaît leur maîtrise dans l’Art de la vannerie.
Les réalisations sont si stupéfiantes que l’on en vient inévitablement à se poser la question du « comment ?». Deux petits films nous livrent un début de réponse. Le geste, mille fois répété, entremêle habilement les fibres qui, peu à peu, feront surgir une forme inattendue. Les objets obtenus dépendent de l’espèce de bambou utilisée. Certaines se prêtent à la fabrication de fibres flexibles, qui peuvent alors se plier à l’imagination de l’artiste, d’autres, aux fibres rigides, seront plutôt utilisées pour des architectures plus régulières.
Cet art délicat s’est développé grâce à la noblesse japonaise qui commanditait ces œuvres originales. On s’aperçoit que les styles, allant de la perfection géométrique aux fantaisies les plus libres, ont évolué au fil des époques et des courants artistiques qui les traversaient. Aujourd’hui, quelques créateurs contemporains exercent encore, essentiellement aux Etats Unis. L’exposition rend hommage à sept d’entre eux dont on peut admirer certaines de leurs œuvres les plus remarquables.
Cent soixante pièces exceptionnelles nous font découvrir la richesse de l’art de la vannerie, trop peu connu jusqu’ici car peu représenté dans le monde. Elles ont été rassemblées grâce au talent de Stéphane Martin, Commissaire de l’exposition.
Christian de Rouffignac, Rédacteur et Léa Berroche, Rédactrice au Magazine « Lumières en Arts »

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