Brief History of a Family
Genre : Drame
Pays : Chine
Durée : 1h40
Réalisateur : Lin Jianjie
Acteurs : Zu Feng, Xilun Sun, Ke-Yu Guo
Cette histoire se déroule de nos jours en Chine qui, après la politique de l’enfant unique passe à celle du second. Wei est un jeune fils de bonne famille qui ne pense qu’à l’escrime et aux jeux vidéo. Un jour, il blesse Shuo, un jeune garçon d’une famille défavorisée. Il l’invite chez lui pour jouer à la console et se faire pardonner. Peu à peu, Shuo, garçon timide, s’impose dans la famille comme un coucou dans le nid. Peu à peu, les parents de Wei apprécient Shuo, élève studieux, attentionné, préférant lire plutôt que s’adonner aux jeux vidéo. C’est tout l’inverse de leur fils qui n’a pas conscience de sa chance d’être né dans une famille aisée. Shuo semble comprendre tout l’intérêt qu’il peut en tirer. C’est peut-être une chance pour lui de changer de monde, d’un père alcoolique qui le bat, d’un destin sans avenir. C’est peut-être l’occasion pour les parents de Wei d’avoir enfin un fils brillant comme ils l’espéraient.
Le cinéma asiatique joue beaucoup sur les métaphores, les symboles, les non-dits, et prend le temps de raconter une histoire. Lin Jianjie, pour ce premier long métrage, examine au microscope une famille aisée de la Chine actuelle avec l’arrivée d’un jeune garçon comme un corps étranger. Il réalise un film à l’esthétique stylisée, au cadre soigné, avec le cercle récurrent du microscope, souvenir de ses études en biologie. Par l’intermédiaire du jeune Shuo, mutique, timide, nous pénétrons au cœur de cette famille qui rêve d’un avenir meilleur pour leur fils. Peu à peu, le jeune Shuo apparaît comme le fils parfait qu’ils idéalisent. Tout se joue dans le jeu subtil des acteurs qui ne laissent jamais paraître leurs intentions, souvent à double sens. Est-ce que Shuo est un enfant pervers qui a compris tout le potentiel qu’il peut tirer de cette situation ? Est-ce qu’il trouve tout simplement, lui aussi, la famille parfaite et aimante dont il rêve ? La mise en scène glisse le doute dans cette histoire simple, que chaque spectateur interprète à sa façon.
Sur l’écran, défile une histoire et des rapports ordinaires d’une vie sans écueil. C’est dans les non-dits, les recoins de celle-ci que se faufile peut-être un récit bien plus sombre et complexe. Les acteurs, dans un jeu minimaliste des sentiments, laissent la porte ouverte à toute interprétation du spectateur. C’est un regard en profondeur, dans les détails, comme dans My Father’s Son, sur la différence de classe dans la Chine d’aujourd’hui. Nous sommes plus proches de la chronique de la vie quotidienne que du thriller à l’américaine avec beaucoup de bruit et de fureur. Nous sommes au pays du matin calme quand la vie simple se complexifie, pour nous raconter un récit universel. Qu’est-ce que nous attendons de la vie, de nos enfants ? Le père, au départ assez effacé, finit par nous en dire plus sur son parcours. La mère reste la figure maternelle universelle. Quant au fils de bonne famille, il comprend que sa place est en jeu avec l’arrivée de cette cellule étrangère dans le corps principal. La réponse à toutes nos questions est dans le film, dans ce qui paraît anodin, mais au final, en complétant les pièces du puzzle, nous donne la vérité.
Patrick Van Langhenhoven
L’avis de Françoise
Incursion pas si fréquente dans la bourgeoisie chinoise. High tech à tous les nveaux, décors design mi-occidentaux, mi-japonisants, grandes baies vitrées, beau jardin.
Wei est un peu l’enfant gâté de son père scientifique de renom et de sa mère ex-hôtesse de l’air. Blasé, le nez sur sa console, il est sans que ce soit dit, la déception de ses parents.
Un jour, il ramène chez lui Shuo. Père alcoolique, mère décédée. Isolé. Studieux, avec l’ambition de réussir. Ce que Wei n’a pas anticipé, c’est la réaction de ses parents, prêts à faire une place inédite à ce nouveau venu qui symbolise le deuxième enfant, interdit pendant si longtemps en Chine. Et celui-là est parfait. L’exact opposé de la progéniture naturelle.
Lin Jianjie en fait des tonnes sr l’image. Cadrages géométriques, voire abstraits et référence au microscope, quand il ne se laisse pas aller au kaléidoscope onirique.
Quant à Shuo ? Affabulateur ? Simulateur ? Manipulateur ? Usurpateur ? Telles sont les questions.
Françoise Poul
Fiche technique
Titre : Brief History of a Family
Titre original : 家庭簡史 (Jiating jianshi)
Réalisation : Lin Jianjie
Scénario : Lin Jianjie
Musique : Toke Brorson Odin
Photographie : Zhang Jiahao
Montage : Per K. Kirkegaard
Production : Lou Ying, Wang Yiwen, Zheng Yue
Sociétés de production : Films du Milieu, First Light Pictures
Société de distribution : Tandem (France)
Pays : Chine – France – Danemark – Qatar
Genre : Drame, Thriller
Durée : 100 minutes
Date de sortie : 13 août 2025
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Distribution
• Lin Muran : Tu Wei
• Sun Xilun : Yan Shuo
• Guo Keyu : La mère de Tu Wei
• Feng Zu : Le père de Tu Wei
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