Copie conforme
Genre: Policier
Pays: France
Durée: 1h40
Réalisateur : Jean Dréville
Acteurs: Louis Jouvet, Suzy Delair, Annette Poivre
Gabriel Dupon est un modeste représentant en boutons qu’il connaît sur le bout des doigts. Il est voué à une vie dans l’ombre, accrochée à la boutonnière. Il n’imaginait pas que son existence prendrait un tournant radical avec ce rendez-vous au grand hôtel. Manuel Isamora est aussi un homme de l’ombre mais pour des raisons différentes. Il change de visage comme de chemise pour commettre les pires forfaits. Le mécréant vous vend un château contre une avance conséquente, déménage des armoires chez Monsieur et Madame de ! Vous l’avez compris, c’est un gentleman cambrioleur, profiteur des petits travers de l’humanité. Qu’est-ce qui peut bien réunir un pauvre bougre ordinaire et un voleur extraordinaire ? La police voudrait bien mettre la main sur Manuel, le coincer définitivement à l’ombre pour un bon bout de temps. C’est au cours de ce rendez-vous sans histoire que Gabriel croise la route de son double, Manuel. Le truand saute sur l’occasion d’un alibi parfait comme sa ressemblance parfaite avec le représentant. Il offre la belle vie à notre pauvre homme qui n’y trouve rien à redire. Tout irait pour le mieux s’il n’y avait la belle Coraline qui fait chavirer le cœur de notre petit technicien des boutons !
Copie conforme mérite bien mieux que les tiroirs de l’oubli. Jean Dréville est un cinéaste mal aimé par la Nouvelle Vague, le considérant comme le chantre du cinéma qu’elle bafoue. Il vaut bien mieux que cette mise au placard, même s’il ne révolutionne pas le grand écran. Il sera le réalisateur de films de commande dont certains resteront dans nos mémoires plus que le nom du réalisateur comme Lafayette (1961), Les Casse-pieds (1948), La cage aux rossignols (1945). Ces deux derniers donneront deux remakes qui rencontreront un énorme succès, Le bal des casse-pieds Yves Robert (1962) Les choristes de Christophe Barratier (2004). On lui promettait toujours le financement d’un de ses projets en contrepartie d’une réalisation moins personnelle. Il arrive au cinéma en inventant presque le making of avant l’heure. Il tourne Autour de l’argent un reportage sur le film de Marcel L’herbier. Nous sommes en 1920, le cinéma muet devient parlant et Dréville un réalisateur inventif. Certes, la direction d’acteurs n’est pas son fort mais la technique en pleine évolution lui doit beaucoup. C’est pourquoi Copie conforme mérite bien mieux que la file des anonymes. C’est un exercice de cache-cache pour faire apparaître à l’écran deux personnages joués par le même acteur. C’est un travail soigné qu’il nous propose. L’autre intérêt réside dans son acteur principal, Louis Jouvet. C’est d’abord un acteur et directeur de théâtre appréciant peu le cinéma au début. Il change d’avis. Le septième d’art devient pour lui une récréation. C’est l’occasion pour l’acteur de talent d’endosser deux personnages complètement différents. C’est une belle prestation au cabotinage charmant, collant parfaitement au personnage de Manuel. Copie conforme sous cet éclairage prend une autre couleur et redonne à Jean Dréville la place qu’il mérite. Passionné par les nouvelles technologies, il n’aura de cesse de les utiliser dans ses réalisations, donnant au cinéaste de nouveaux outils. La sortie restaurée du film est l’occasion de redécouvrir un divertissement savoureux et un Louis Jouvet maitrisant parfaitement son art, tout comme Jean Dréville. Les dialogues d’Henri Jeanson apportent un plus dans une valse des répliques et jeux de mots cinglants.
Patrick Van Langhenhoven
Une fois de plus les bonus sont assez complets et nous permettent de mieux comprendre la place de Jean Dréville et de Copie conforme dans l’histoire du cinéma.
DVD
Distributeur : Pathé
Vidéo : 16/9 compatible 4/3 format respecté 1.78
Son : Dolby 5.1
Sous titres : aucun
Bonus :
Cache et contre-cache, entretiens autour du film avec Patrick Glâtre, Christophe Moussé et Didier Griselain (2020, 34 mn 13)
– document d’archive : Jean Dréville dans L’histoire du cinéma français par ceux qui l’ont fait d’Armand Panigel (1974, 2 mn 39)
Lien Bande annonce : vBpRvw5Z-_A
Fiche technique
Autres titres : Monsieur Alibi et Duplicata
Réalisation : Jean Dréville, assisté de Wladimir Roitfeld
Scénario : Jacques Companeez
Adaptation : Jacques Companeez, Christiane Imbert, Nino Frank, Paul Andréota, Jean Dréville
Dialogue : Henri Jeanson
Décors : Robert Gys, assisté de Foucher et Chalvet
Photographie : André Thomas
Opérateur : Jacques Ripouroux, assisté de Bontemps et Kamensky
Son : Pierre Bertrand
Montage : Jean Feyte
Musique : René Cloërec (Éditions musicales Robert Salvet)
Paroles : Henri Jeanson
Chanson : L’amour n’est qu’une comédie, interprétée par Suzy Delair
Script-girl : Simone Bourdarias
Régisseur général : Tonio Sune, assisté de Muller
Régisseur ensemblier : Charroit
Maquillage : Georges Gauchat
Photographe de plateau : Robert Joffre
Administrateur : Canel
Tournage dans les studios « Paris Studios Cinéma »
Enregistrement sur Western Electric; Laboratoire Eclair
Production : Jacques Roitfeld, CICC
Directeur de production : Constantin Geftman
Producteur délégué : Raymond Borderie
Distribution : Les Films Constellation
Pays : Drapeau de la France France
Format : Noir et blanc – 1,37:1 – 35 mm – Son mono
Genre : Comédie
Durée : 105 minutes
Date de sortie : 9 juillet 1947
Date sortie vidéo
Distribution
Louis Jouvet : Gabriel Dupon, représentant en boutons, et Manuel Ismora, l’escroc (en plus de ses déguisements en duc de Niolles, en déménageur et en Olaf Christiansen, le Norvégien)
Suzy Delair : Coraline, la maîtresse d’Ismora
Annette Poivre : Charlotte Bonheur, dactylo et collègue de Gabriel
Madeleine Suffel : Mme Rodebois, la femme de l’acheteur du château
Jane Marken : Mme Boissac, la concierge de l’immeuble
Danièle Franconville : une cliente de Manuel Ismora
Jean-Jacques Delbo : Oscar, un des complices d’Ismora
Léo Lapara : André, un des complices d’Ismora
Henry Charrett : M. Charles Rodebois, l’acheteur du château
Georges Pally : l’inspecteur Laprune
Fernand Rauzena : M. Péroni, l’acheteur de boutons
Gaston Dupray : M. Touzat, le patron de Gabriel
Jean Carmet : un des complices d’Ismora
Robert Seller : le juge d’instruction
Raoul Marco : l’inspecteur
Jean Diener : le gardien du château
Georges Cusin : Pauzat
Philippe Olive : le réceptionniste de l’hôtel Malridge
Jean Morel : M. Sorbier, le bijoutier
Jean Poc : l’académicien
Marina : la danseuse du Feu de Bengale
Louis Vonelly
Colette Georges
Paule Launay
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