PRÉSENTATION

 

« Que le temps passe vite — Hier j’étais encore enfant — Le cœur tout neuf comme un
printemps — Et des rêves dans chaque crique » chantait le poète Mouloudji.
L’âge des responsabilités assumé, la fin de la jeunesse fougueuse, le début d’un rêve devenu
réalité, le festival du film de Sarlat aura marqué tous ses voyageurs, ses passants, passeurs de
cinéma depuis sa création en 1991 jusqu’à aujourd’hui. Il ne ressemble à aucun autre, d’abord
par les lieux résonnant parfois du fracas des épées et du « silence on tourne ! » Il arrive juste
après l’été indien alors que l’automne marque de ses couleurs chatoyantes d’ocre et d’or la
campagne. Une foule de jeunes rêveurs prétendant au bac cinéma envahit les rues. C’est une
foule riante et concentrée, en tournage pour divers ateliers, en route pour rejoindre les salles
obscures. Ce festival est d’abord le leur, puis le nôtre, quidams enchantés, passionnés
d’histoires et de documentaires qui changeront peut-être notre vie. Cette année est encore plus
importante pour diverses raisons, celle d’un anniversaire qui marque de son empreinte la
persévérance. C’est l’absence trop longue et le bonheur des retrouvailles. Enfin rejoindre le
noir des salles pour de multiples voyages. Christelle Oscar, au nom prédestiné, nous concocte
un repas copieux, riche et varié. C’est un tour du monde d’un cinéma qui reprend vie et
chante de nouveau ses espérances en l’avenir. Des rencontres improbables dans les rues où se
mêleront professionnels, acteurs et tous ces jeunes talents en devenir. C’est l’occasion de
découvrir en avant-première les prochaines sorties qui marqueront la fin de l’année et la
suivante. La déléguée propose une nouvelle rubrique au carnet de bal. « Elle s’intitule Jeunes
Regards et présentera des films français, fictions ou documentaires, qui questionnent leur
environnement et se distinguent par leur regard singulier, inclusif, social, poétique. »
Christelle Oscar. Fictions et documentaires feront l’état des lieux de cette jeunesse confinée
plus longtemps qu’un soupir sur les ailes du vent. La programmation rassemble, transcende
les générations, pont, point de rencontre, elle chante le partage. C’est l’occasion pour eux, de
se confronter au monde du cinéma, de la réalisation à la critique avec de nombreux ateliers
égayant la ville. On m’a même dit que les oies silencieuses, penchées aux fenêtres, suivent
d’un œil attendri cette promesse de l’aube. Cette année c’est Fritz Lang, l’un des réalisateurs
les plus inventifs, célèbre pour son clair-obscur comme Murnau et de multiples pistes comme
le travail sur le son dans M le Maudit. Ils devront analyser, décortiquer Le Secret derrière la
porte. Nedjma Moussaoui, maître de conférences en études cinématographiques et
audiovisuelles, spécialiste en histoire du cinéma à l’Université Lumière Lyon 2, évoquera
Fritz Lang et son œuvre. Françoise Zamour, maîtresse de conférences en études
cinématographiques à l’École normale supérieure, proposera une analyse du film. Le festival
organise une compétition de films d’élèves réalisés dans le cadre de l’enseignement du
cinéma. Nous n’aurons pas trop d’une semaine, à l’image de Pantagruel, géant assoiffé, pour
emmagasiner le maximum de connaissances, de rencontres, de tout cet enivrant bonheur dont
nous étions privés. Cette année sera marquée par de nombreuses festivités pour fêter comme il
se doit un festival continuellement en évolution. Alors, rendez-vous du 9 au 13 novembre au
30 e festival du film de Sarlat de 2021.

Patrick Van Langhenhoven

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