Série : West Legends

T02 – Billy the Kid – the Lincoln county war

Scénariste : Bec Christophe

Dessinateur : Leoni Lucio, Negrin Emanuela

Coloriste : Nanjan J.

Edition : Soleil

Date de sortie : 18/03/2020

Notre histoire commence à Blazer’s Mills, une scierie perdue au cœur des montagnes. Robert Buckshots se retranche pour échapper à la fureur des colts des régulateurs en cette fin d’hiver 1878. John Tunstall est la première victime de cette guerre du comté de Lincoln. Cet Anglais venu chercher fortune dans ce jeune Etat entre en conflit avec d’autres éleveurs, John Dolan et Lawrence Murphy. Il est associé avec Mc Sween soutenu par John Chisum. Ces hommes comptant parmi eux un certain Billy the Kid décident de le venger. Ils créent un groupe de vengeurs à la limite de la loi les régulateurs. La tension monte entre les deux clans avec en toile de fond la lutte pour un territoire. Le 1er avril 1878, le shérif Brady et son adjoint Hindman tombent dans une embuscade tendue par les régulateurs. Billy the Kid abat sans pardon l’homme de loi. L’été s’enflamme et s’achève dans un règlement de compte dans les rues de Lincoln. Assaillis par le nouveau shérif ancien adjoint de Brady, les régulateurs, Sween et sa famille résistent pendant cinq jours. Une partie dont Billy the Kid s’échappe. C’est la fin de la guerre du comté de Lincoln. Un nouveau gouverneur est nommé pour le Nouveau-Mexique, Lew Wallace, l’auteur de Ben-Hur. Le shérif, Pat Garret, mettra fin à la légende dans la nuit du 14 au 15 juillet 1881 en l’abattant.

 

Après Olivier Peru (voir critique Wyatt Earp’S Last Hunt) c’est au tour de Christophe Bec de quitter les cités perdues pour le vieil ouest sauvage. Il s’attache à nous restituer une partie de ce qui deviendra la légende de Billy the Kid. Né Henry McCarty ou William Henry Bonney  c’est un homme à l’aspect juvénile qui entre dans la légende avec le livre de Pat Garrett The Authentic Life of Billy the Kid. Le shérif met fin à une longue cavale suite à la guerre du comté de Lincoln. Le scénariste choisit précisément ce moment particulier qui fait entrer dans la légende Billy the Kid. C’est l’honneur et les principes de l’esprit des Pères Fondateurs qu’il défend avec le meurtre de son employeur. La vérité est beaucoup moins belle, comme celle de la légende. Nous sommes plus dans l’esprit de la collection s’attachant aux figures de l’ouest. Cette guerre du comté de Lincoln prend des allures de Fort Alamo, survenu bien plus tôt, en mars 1836. Retranchés dans la maison d’Alexander McSween, l’ancien collaborateur de Tunstall, les régulateurs tiendront plusieurs jours. Les faits, rien que les faits, c’est ce que nous proposent les deux auteurs. Sans grande envolée lyrique mais avec un certain panache, ils tracent avec précision ce moment crucial. Ils se placent dans la lignée du western de série B avec ses paysages incontournables dès la première séquence. Ils ne bousculent pas le genre du western en BD, de plus en plus présent dans les collections. La narration est précise et les dialogues s’accordent avec l’histoire sans grande envolée lyrique. C’est à travers les trognes des personnages que les deux dessinateurs donnent du relief à leur histoire. Avant cela, ils captent les grands paysages du Nouveau-Mexique avec leur séquence d’ouverture. Nous pénétrons au cœur des forêts sombres et profondes, une scierie, eldorado d’un monde en pleine expansion. Sur ce point, un petit rappel : ce n’est pas à l’hiver 1878 qu’eut lieu la fusillade mais avant la guerre du Comté de Lincoln, le 12 mars 1878. Cette erreur ne gêne en rien le récit. Il marque les grands espaces ouverts vers l’horizon, avant de se retrouver au cœur de la ville et son espace clos dans la maison. C’est la fin de l’esprit des Pères Fondateurs, le début des grandes cités s’élançant à la conquête du ciel, et du pouvoir de l’argent. Billy the Kid représente le dernier des indomptables, des samouraïs, des hommes libres d’une Amérique côtoyant les grands espaces. Ce deuxième tome, un peu plus personnel, marque une bonne progression dans la collection, nous attendons avec impatience le prochain, Sitting Bull.

Patrick Van Langhenhoven

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