Regardez ! Dis moi pourquoi ces choses sont si belles.

Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles

Genre : Drame

Pays : Canada

Durée : 1h39

Réalisateur : Lyne Charlebois

Acteurs : Alexandre Goyette, Mylène MacKay, Rachel Graton

« Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers, Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. » Sensation, Arthur Rimbaud (1870).

Marcelle ne sera pas secrétaire, comme la majorité des filles des années 30 et 40. Elle décide de changer radicalement et de se lancer dans des études botaniques, charmée par les cours du frère Marie-Victorin. Cette histoire d’amour platonique commence au cœur des prairies et marais de la flore laurentienne. Marcelle et Marie-Victorin briseront de nombreux interdits dans leurs échanges qui commencent sous les pistils des fleurs et s’achèveront par de chaudes conversations sur le sexe. L’admiration finit par se changer en un autre sentiment, bien plus proche de l’amour platonique. Marcelle devient son assistante. Elle sait que le frère n’abandonnera pas la soutane, même si son esprit et leur correspondance lui vaudrait d’être excommuniée. Ils explorent les désirs humains à une époque où ces questions sont taboues. C’est un dialogue de scientifiques objectifs, poussant l’analyse à l’extrême, mêlant un sentiment indéfinissable, ineffable. Leur dialogue s’achève avec la mort, dans un accident, du frère des écoles chrétiennes, Marie-Victorin, le 15 juillet 1944. Marcelle Gauvreau continuera son travail de vulgarisation en fondant l’École de l’Éveil, l’initiation des jeunes enfants à l’histoire naturelle. Elle s’éteint bien plus tard, en 1968, sans jamais s’être mariée. 

« Je ne parlerai pas, je ne penserai rien : Mais l’amour infini me montera dans l’âme,

Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la Nature, – heureux comme avec une femme. » Sensation, Arthur Rimbaud (1870).

Lyne Charlebois s’attache à l’esprit de ces deux âmes pour construire un film remarquable dans une mise en scène inspirée où chaque plan est une ode à une symphonie cinématographique. La nature est le troisième personnage. Elle en saisit l’âme et le cœur battant à travers des images poétiques et magiques. La caméra explore ce terrain avec autant de passion et d’amour que Marcelle et Marie-Victorin. L’histoire entremêle un second récit amoureux de deux comédiens sur le tournage d’un film sur nos deux amants platoniques. Cette incursion du film dans le film marque les chapitres d’une histoire en miroir à celle des comédiens. La première partie voit la rencontre entre ces deux esprits brillants avec les images poétiques de la nature. Le ciel et les branches d’un arbre, une fleur, un épi de blé caressé par le vent, une main dans le ruisseau saisissant une algue deviennent une page de l’univers résonnant de l’écho de l’amour. La langue particulière apporte un plus à cette romance sur fond de botanique. La volonté de Marcelle de choisir sa voie, soutenue par sa famille, résonne avec notre époque. 

La deuxième partie joue la symphonie des corps qui ne se rencontreront jamais, autre personnage racontant bien plus que le sexe observé, décortiqué par ces deux scientifiques. Le passage de Marie-Victorin au bordel, étudiant deux prostituées, Marcelle et ses enquêtes auprès des femmes, nous livrent le portrait d’une époque. Leurs lettres, tout comme la chanson Sensation tirée du poème de Rimbaud, chantée par Robert Charlebois, cousin de la réalisatrice, sacralise cette histoire. Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles devient un objet particulier, long poème, mais aussi quête d’une absence, d’un manque, le sexe que ne franchiront jamais Marcelle et Marie Victorin. Lyne Charlebois dévoile une prise de conscience écologique par le fondateur des jardins botaniques de Montréal, les plus beaux au monde, et son assistante. Comme le dit Marcelle : « La nature et notre corps intérieur ne sont qu’une seule et même chose. Parfois, notre amour nous dépasse et réclame tous les sacrifices pour qu’il demeure à jamais ce symbole touché par l’impossible rencontre des corps ».

Le film doit beaucoup à ses deux comédiens, Mylène MacKay, remarquable Marcelle et Alexandre Goyette, au cœur de ces deux histoires d’amour que le temps rapproche. C’est notre coup de foudre de la semaine. Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles… Maintenant nous le savons.    

Patrick Van Langhenhoven            

Fiche technique

Titre original : Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles

Réalisation : Lyne Charlebois

Scénario : Lyne Charlebois

Musique : Robin-Joël Cool, Alexis Martin, Viviane Audet

Photographie : André Dufour

Conception artistique : Yola van Leeuwenkamp

Montage : Yvann Thibaudeau

Production : Sylvie Lacoste, Veronika Molnar, Roger Frappier

Société de production : Max Films

Sociétés de distribution : Les Films Opale, Destiny Films (France)

Pays de production : Canada

Tournage : Montréal, Oka, Îles de Mingan, Cuba

Langue originale : Français

Format : Couleur

Genre : Drame

Durée : 99 minutes

Date de sortie : 20 août 2025

Distribution

• Alexandre Goyette : Frère Marie-Victorin / Antoine
• Mylène Mackay : Marcelle Gauvreau / Roxanne
• Rachel Graton : Rita Simard / Catherine
• Francis Ducharme : Frère Léo / Michel
• Vincent Graton : Dr Joseph Gauvreau, père de Marcelle
• Sylvie Moreau : Sœur Marie-des-Anges / Louise
• Marianne Farley : Marianne Molnar, la réalisatrice
• Vincent Graton : Joseph Gauvreau
• Alexa-Jeanne Dubé : Rosanna Sauvé
• Roger Frappier : Frère Léon

Distinctions

• Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue 2023 : Grand Prix Hydro-Québec (Prix du public)
• Festival du film francophone d’Angoulême 2024 : Valois de la meilleure actrice pour Mylène Mackay