Eros Hugo – Affiche
[dropcap style= »normal or inverse or boxed »]V[/dropcap]ictor Hugo. Poète, romancier, dramaturge, homme politique, génie de son temps mais aussi et surtout grand amoureux des femmes, de la chair, de la vie. Une curiosité insatiable le faisant « voyeur » de chaque instant. Nombre de ses romans sont des déclarations d’amour aux femmes de sa vie ; à la Femme en général.
De l’inaccessible qui aime avant tout être aimée dans « l’Homme qui rit » ou de la passion dévorante de Frollo pour Esmeralda dans « Notre-Dame de Paris » entraînant leurs chutes dans les limbes de l’émoi.
Mais qu’en est-il réellement de sa vie personnelle ?
Attribuant quelques-uns de ses traits de caractère aux héros de ses romans, explorer la source de ses inspirations devenait légitime.
Comment cette époque aux mœurs fermées, si bien dénommée le siècle « boutonné » en raison de son étiquette, de son conformisme et de ses tenues d’apparat a pu influencer directement ou indirectement sa personne ainsi que son oeuvre ?

C’est précisément là le cœur de cette exposition. Un parcours chronologique de 1820 à 1870. De son mariage avec Adèle à la fin de son exil. De ses premiers poèmes à ses remarquables romans. De ses relations épistolaires à celles physiquement plus proches.
Découpées en quatre actes, entre idéal, chaos, chute et postérité, la vie de Victor Hugo, ainsi que son époque, sont relatées à l’aide de peintures, photographies, sculptures, esquisses, lettres manuscrites, mais aussi d’une projection de quelques extraits de pièces de théâtre et de « points écoute » permettant de découvrir les morceaux choisis de certaines de ses œuvres littéraires.

Littéraires mais pas uniquement. Homme de lettre comme chacun le sait, il était également homme de l’art. S’étant mis au dessin et à la peinture, il produisit pas moins de 4000 créations. Usant de techniques diverses, il affectionnait particulièrement le lavis et le travail des encres dont certains de ses tableaux sont ici présentés.
Pourtant prolifique, sa peinture reste inconnue aux plus grands nombres. Une pudeur aux antipodes des excès qu’on lui prête. Pudeur avérée dans sa chimérique idée d’un amour pur, transcendant, presque chaste que l’on retrouve dans certains de ses romans et dans sa vie lorsque lui et sa femme Adèle arriveront vierge à leur mariage ou encore quand les poèmes très sensuels adressés à ses plus grands amours ne seront publiés qu’à titre posthume.
Entre pudeur & excès. Le sous-titre de l’exposition prend tout son sens quand de salle en salle notre œil est envoûté par l’érotisme du XIXe siècle. Ce courant littéraire est né en France et Victor Hugo a grandi avec. Pourtant, il ne cédera pas à la mode de l’époque et son oeuvre restera paradoxalement sage. Pudeur dans l’excès ou excès de pudeur ? Ce doux oxymore caractérise à merveille la vie de celui qui eu de nombreuses conquêtes, qui fut prit en flagrant délit d’adultère, qui aimait jusqu’à la déraison – comme son Frollo – les femmes mais qui n’en a surement pas fait moins que ses contemporains à une époque où l’hypocrisie sur ces choses là est à son paroxysme.

Prônant ainsi une liberté d’aimer, une liberté de penser, toujours pudique dans son oeuvre mais menant une vie d’excès. Toutes ses actions seront précautionneusement annotées dans des agendas, des carnets secrets, des journaux intimes. Ajouter à cela une correspondances d’environs 40000 lettres et il devient facile de connaitre ses joies, ses peines, ses amours, ses états d’âme au jour le jour.

La dernière salle, quant à elle, semble rompre avec le fil conducteur de l’exposition. Éloge au dieu Éros et à sa représentation en tant que puissance créatrice et érotique, elle est sublimée par les sculptures de Rodin. La méditation, initialement dans la Porte de l’Enfer puis reprise dans le Monument à Victor Hugo trouve tout naturellement sa place en face d’une autre étude du sculpteur pour le monument intitulée sobrement Victor Hugo assis, nu où sa posture et son attitude rappelle la figure antique du dieu Pan. Elle fait écho au faune du tableau exposé à sa gauche et ferme ainsi ce voyage dans l’érotisme français du XIXe qui avait débuté avec la peinture d’Alexandre Cabanel Nymphe enlevée par un faune.

« Si tu savais combien je t’aime, combien tu es nécessaire à ma vie, tu n’oserais pas t’absenter un seul moment, tu resterais toujours auprès de moi, ton coeur contre mon coeur, ton âme contre mon âme »  Juliette à Victor Hugo

Julien Joanny

Fleuron

 

Informations pratiques
Horaires :
Du mardi au dimanche de 10h à 18h jusqu’au 21 février 2016
Fermé les jours fériés
Lieu :
Maison de Victor Hugo
6 place des Vosges – 75004 Paris
Métro : Bastille, ligne 1, 5 ou 8
Tarifs :
Tarif plein : 7 euros
Tarif réduit : 5 euros
Site internet

À noter que les 3, 5, 10, 12, 17 et 19 décembre à 16h, de très intéressantes conférences d’1h30 auront lieu. Nul besoin de réservation. Alors n’hésitez pas un instant…

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