Kaza est un artiste peintre dont l’inspiration va et vient, au gré des rencontres et des énergies. Soucieux de réaliser des œuvres qui avant tout suscitent l’émotion, « ses Lolas » par exemple, ces femmes aux formes généreuses et sensuelles qu’il dessine sur ses tableaux sont des entités remarquables et reconnaissables entre mille…
Jusqu’au 30 septembre, c’est à l’appARTement à Épinal qu’il a choisi d’exposer son travail.
Kaza, il y’a chez vous un très grand intérêt pour la féminité, pourquoi ce travail autour des corps notamment féminins?
Kaza: Le travail que je fais est un travail sur la beauté de manière générale. J’essaie toujours de sortir des codes marketing, de la mode, des cycles et des tendances. C’est la raison pour laquelle je travaille d’ailleurs beaucoup avec des femmes de mon entourage comme modèles. De plus je pense que l’une des tâches de l’artiste c’est avant tout la recherche de la beauté. Il cherche à exprimer ce qu’il ressent, ce qu’il trouve beau.
j’ai toujours été intéressé par le corps féminin. Un jour à Avignon, je me promenais lorsque je suis tombée sur des sculptures de femmes dont les corps étaient disproportionnés, et j’ai tout de suite trouvé que cela leur rajoutait de la sensualité. De manière générale, la différence m’intéresse. Là où d’autres peuvent être effrayés, moi ça m’interpelle. Dans mon travail on retrouve donc cet intérêt, même s’il m’arrive également de faire des séries dans lesquelles le corps des femmes est plus réaliste.
Vous dites que ce qui vous intéresse c’est la différence, la recherche de la beauté. Mais peignez-vous d’abord pour vous?
Kaza: Je peins d’abord pour moi. Ensuite il y’a dans ce que je fais une volonté de comprendre l’humain. Je reste donc influencé par les retours que je peux avoir. Dans la Série des Masques par exemple, je voulais faire un travail autour de la ressemblance et de la différence entre les hommes. La confrontation avec le public a beaucoup modelé mon travail. Au fur et à mesure des échanges, le masque initial s’est décliné et a commencé à s’exprimer, devenant tantôt heureux, tantôt vaniteux ou se prenant pour le roi de l’hédonisme. Finalement ce masque est devenu un prétexte pour parler des différentes facettes des hommes.
Comment êtes-vous venu à la peinture?
Kaza: Quand j’étais petit mon père m’a appris à dessiner des têtes de marins. J’ai très vite pris conscience que le dessin serait un véhicule d’émotions. De plus, moi j’ai grandi au Maroc où on n’avait pas de télé, donc je me suis mis à beaucoup dessiner
Depuis petit je savais que je voulais être peintre. Mais on m’a expliqué que ce n’était pas un vrai métier. J’ai donc d’abord eu plusieurs autres expériences professionnelles, notamment dans le domaine de la com . J’ai ensuite été une éponge, autant attiré par la calligraphie japonaise que par l’impressionnisme. Tout cela m’a construit et m’a emmené à ce que je fais aujourd’hui.
Aujourd’hui vos toiles sont achetées au Japon, aux États-Unis et quasiment aux quatre coins du monde. Il se trouve également que vous exposez actuellement à l’appARTement à Épinal. Qu’est-ce qui convainc un artiste d’exposer pour la première fois?
Kaza: À un moment donné dans son travail on a envie de savoir si le ressenti devant ce que l’on fait, ce que l’on produit est partagé. On a envie de voir comment les autres réagissent. Ensuite, lorsqu’on veut se développer, se créer un réseau, cela devient vite une nécessité.
L’intitulé de cette expo est « Kaza montre ses fesses » Pourquoi ce titre un peu provoc?
Kaza: De temps en temps c’est bien de provoquer! Mais plus sérieusement j’ai dans l’expo mes fameuses Lola qui montrent leurs fesses. De plus il se trouve que je suis tombé une fois sur des vidéos d’influenceuses expliquant qu’elles gagnaient des millions d’euros en montrant leurs fesses. Et sans toutefois juger, je pense que l’art sert également à rappeler le(s) sens, l’essentiel.
Les conditions de travail, les techniques de travail d’un artiste en disent beaucoup sur son œuvre. Comment travaillez-vous ?
Kaza: Je me laisse beaucoup guider par les énergies. Et aussi différentes qu’elles sont, elles me servent et j’essaie toujours de les restituer.
Par ailleurs le peintre Lucian Freud a dit une phrase qui m’a beaucoup marqué « Tout a changé quand j’ai commencé à peindre debout ». Moi je peignais dans mon appartement, avec la peur de tâcher, la nécessité de remballer, les différentes contraintes… Puis j’ai eu mon atelier et tout a changé. Depuis je travaille beaucoup, notamment au sol, avec mon fils.
Et quand sait-on qu’un tableau est terminé?
Kaza: Je ne sais pas quand on le sait, mais à un moment donné il faut savoir s’arrêter car le trop devient l’ennemi du beau.
À quoi s’attendre en venant à votre expo?
Kaza: Ce que je veux ce n’est pas que les gens disent que je suis un bon peintre, mais que les tableaux leur parlent. Qu’ils aient une émotion, même mauvaise, parce que je trouve qu’il n’y a rien de pire pour le travail d’un artiste que l’indifférence.
Entretien mené par Sarah GIORIA NDENGUE