
C’est une vieille histoire d’amour passionnée, parfois excessive entre le Polar et la ville de
Reims. Elle commence en 1979, du 3 au 6 mai exactement. C’est Jacques Baudou qui
lance le premier coup d’archet en souhaitant installer dans la ville des Sacres un rendez-
vous costaud. Ce premier festival voit la naissance de l’association 813 avec trois
complices du crime, Michel Lebrun, Pierre Lebedel et Alain Demouzon. L’affaire était dans
le sac, la mainmise sur un pactole qui, d’année en année, jusqu’en 1987, confirmera cette
bonne idée. C’était la première fois que le genre sous tous ses aspects était mis sous les
feux des projecteurs, cinéma, littérature, bande dessinée, télévision. Cette année-là, 1987,
qui n’était pas la bonne, le festival migre pour peu de temps à Grenoble. C’est un
ensemble de désaccords que nous préférons oublier qui achèveront l’affaire. Reims ne
sacrerait plus le crime en tout genre, mais la télévision, la vraie, celle qui en avait, du
coffre et de la qualité avec les Rencontres européennes puis internationales de Télévision.
En 2006, une équipe de passionnés relance l’enquête et décide, dans les pas de son ainé,
de proposer un nouveau rendez-vous du polar, Interpol’art. Le genre avait évolué depuis,
suspense, roman noir, thriller… Il connaissait un engouement public et professionnel. De
nombreuses collections se la jouaient aux vitrines des libraires, à côté des vieilles dames,
Le masque et la Série noire pour ne nommer qu’elles. Jusqu’en 2018, une programmation
exigeante fait la part belle aux auteurs de polars. Une fois de plus, la bête se meurt et
cette fois, le cadavre, qui n’était pas exquis, semblait enterré pour toujours. Il faudra
attendre un petit virus vicelard, un désaccord entre bonnes gens pour que, de nouveau,
pointent à l’horizon les tueurs et enquêteurs sous pellicule. Reims n’oubliait pas sa
dulcinée, sa maitresse du crime pour l’accueillir, cette fois en ligne, en 2021 et en live en
- La romance recommence et nous ne jouerons pas les teigneux en demandant pour
combien de temps. Nous ne demanderons pas plus si dans la foulée, après le grand
écran, le petit et la littérature viendront compléter un rendez-vous incontournable.
Nous saluerons juste le retour de l’amoureuse, après 25 ans à Cognac, 12 ans à Beaune,
pour la 40e édition et la deuxième à Reims. La gueuse voulait oublier son passé, faire
table rase d’hier pour se donner un nouveau look. Le compteur repart à zéro. Hier n’existe
plus, il ne reste que demain. C’est sans compter avec le teigneux de service. C’est comme
si, d’un coup, on oubliait tous les Lew Archer, Philippe Marlowe, Sam Spade, Maigret,
Sherlock Holmes, Nestor Burma, une longue liste aux oubliettes. Nous rappellerons que le
premier festival du genre ne nait pas loin des voutes de la cathédrale. Un petit hommage à
son créateur, Jacques Baudou, comme une reconnaissance d’un passé lointain, fondateur,
n’aurait fait de mal à personne. Hier, Alphonse Boudard me disait « Le milieu change,
l’honneur, le respect se fait la malle, prend ses aises. » Ce n’est pas une poussée d’acnée
mais d’Alzheimer, on ne respecte plus rien, tout fout le camp ! Je sais l’âge vous aigrit
l’âme, on radote.
La programmation est vivace et choisit la qualité, un regard sur le monde entre une
compétition qui promet beaucoup d’émotion et des films restaurés. Le quidam passionné
de meurtre et de fric-frac en tous genres, menés par des morfaloux sans scrupules,
découvrira une sélection des polars venus du nord qui lui donnera des sueurs froides.
Il pourra aussi se faire une perfusion de sang neuf avec une sélection internationale. Pour
compléter la scène du crime, quelques hors compétitions feront leur incursion, des
séances spéciales et un peu de télévision. Si vous n’en avez pas assez, vous pourrez
assister aux rencontres et master classes, pour faire bonne mesure et prendre des leçons
pour vos prochains méfaits. C’est une belle programmation pour amateurs du genre et les
néophytes qui voudraient se lancer sur la piste du coupable.
Patrick Van Langhenhoven
AVANT-PREMIÈRES
LES RÈGLES DE L’ART (France)
De Dominique Baumard, avec Melvil Poupaud, Sofiane Zermani, Steve Tientcheu, Julia Piaton…
Yonathan, expert en montres de luxe au quotidien monotone, voit sa vie basculer lorsqu’il s’associe
à Éric, receleur et escroc. Fasciné par le train de vie d’Éric, Yonathan perd toute mesure. Tout
s’accélère quand, pour répondre à une commande d’Éric, Jo, cambrioleur de génie, vole cinq chefs-
d’œuvre au Musée d’Art Moderne de Paris en 2010. Dès lors, les trois hommes sont entrainés dans
une spirale incontrôlable.
DOG MAN (USA)
Séance jeune public à partir de 6 ans
Film d’animation de Peter Hastings.
Lorsqu’un policier et son fidèle compagnon de la brigade canine sont tous les deux blessés en
service, une opération chirurgicale aussi insensée que miraculeuse les lie à jamais et donne
naissance à celui qu’on appellera désormais Dog Man. Il s’évertue à faire ses preuves sous cette
nouvelle identité pour mieux impressionner son supérieur, en mettant fin aux exactions du
tristement célèbre chat Mon petit.
LE MÉLANGE DES GENRES (France)
Film de clôture
De Michel Leclerc, avec Léa Drucker, Benjamin Lavernhe, Judith Chemla, Julia Piaton, Vincent
Elbaz…
Simone, une flic aux idées conservatrices, est infiltrée dans un collectif féministe, les « Hardies ».
Elle enquête sur les militantes qu’elle soupçonne de complicité dans le meurtre d’un mari violent.
Seulement voilà, sa couverture est mince. Et les « Hardies », devinant qu’il y a une taupe parmi
elles, se mettent à la soupçonner. Pour détourner l’attention et se sortir de ce mauvais pas, Simone
ne trouve rien de mieux que d’accuser au hasard un homme de l’avoir agressée sexuellement…
STRANGER EYES (Singapour/France/Taïwan)
De Yeo Siew Hua, avec Chien-Ho Wu, Lee Kang-Sheng, Vera Chen, Mila Troncoso…
Suite à la disparition de leur fille de deux ans, Darren et Tara reçoivent de mystérieuses vidéos de
leur vie familiale et intime. Quand ils retrouvent le voyeur, Darren décide de renverser les rôles et
de l’épier à son tour, sans se douter que cela le conduira à se confronter à sa propre image
L’ULTIME BRAQUAGE (Danemark)
De Frederik Louis Hviid, avec Gustav Giese, Reda Kateb, Amanda Collin, Christopher Wagelin…
En 2008, un groupe d’hommes du Danemark et de toute l’Europe réalise le plus grand braquage de
tous les temps sur le sol danois. Kasper, un boxeur avec peu de chances dans la vie, se voit offrir la
possibilité de planifier le vol par ses initiateurs étrangers.
MEXICO 86 (Belgique/France)
De César Díaz, avec Bérénice Bejo, Mathéo Labbé, Leonardo Ortizgris, Julieta Egurrola…
- Maria, militante révolutionnaire guatémaltèque, est depuis des années exilée à Mexico où elle
poursuit son action politique. Alors que son fils de 10 ans vient vivre avec elle, elle devra faire un
choix cornélien entre son rôle de mère ou celui d’activiste.
CLOUD (Japon)
Avec Masaki Suda, Kotone Furukawa, Daiken Okudaira, Amane Okayama…
Ryōsuke Yoshii vit de la revente de biens astucieusement acquis sur internet sous un pseudonyme.
Mais le développement de son activité attise peu à peu la colère des gens qui l’entourent et une
mystérieuse spirale de malveillance se propage, menaçant sa vie, jusqu’alors si ordinaire…
OLD GUY (USA/Royaume-Uni)
De Simon West, avec Christoph Waltz, Lucy Liu, Cooper Hoffman, Desmond Eastwood…
Danny Dolinski, un tueur à gages vieillissant, doit former Wihlborg, un jeune prodige du crime.
LE DOMAINE (France)
De Giovanni Aloi, avec Félix Lefebvre, Patrick D’Assumçao, Lola Le Lann, Lina-Camélia
Lumbroso…
Damien, étudiant à la dérive, accepte un emploi dans un relais de chasse tenu par deux malfrats
locaux. Ces derniers utilisent leur domaine pour couvrir des activités illégales où jeux d’argent et
prostitution se mêlent. Suite à la disparition d’une escort, Damien s’engouffre dans une spirale de
règlements de comptes.
HOMMAGE A KIYOSHI KUROSAWA
C’est un patronyme qui pourrait prêter à confusion. Pourtant, après presque cinquante ans de carrière et plus
d’une trentaine de films, Kiyoshi Kurosawa a su imposer son nom au 7e art et faire cesser tout quiproquo.
S’il ne partage aucun lien de parenté avec l’éminent Akira Kurosawa, le cinéaste originaire de Kobé est
devenu à son tour un monument du cinéma japonais, capable de faire bouger les lignes entre horreur et
thriller psychologique avec une singularité remarquable. De ses débuts au sein de « l’école super 8 », qui
réunissait notamment Hideo Nakata et Shinya Tsukamoto à la fin des années 1970, à ses passages par le
Pinku Eiga, la J-Horror ou encore le V-Cinéma, quand ses films de gangsters étaient directement distribués
en vidéos, Kiyoshi Kurosawa a exploré les différents recoins cinématographiques et populaires de l’archipel
nippon.
Avec des oeuvres aussi marquantes telles que Cure (1997), Kaïro (2001), Tokyo Sonata (2008) ou la mini-
série Shokuzai (2012), le cinéaste a surtout réussi à explorer comme personne la face sombre de son pays et
les profondeurs effroyables de l’âme humaine.Quatre ans après Les Amants sacrifiés, où planaient les
ombres des crimes de guerre sur fond de récit d’espionnage, Kiyoshi Kurosawa s’apprête à revenir hanter les
salles obscures avec Cloud, représentant du Japon cette année à l’Oscar du meilleur film international et
présenté en avant-première française à Reims Polar.
A l’occasion de cet hommage mérité, le cinéaste donnera le samedi 5 avril, une leçon de cinéma
exceptionnelle et partagera un regard qui ne cesse d’abolir les frontières entre réel et fantastique, fantômes et
vivants, poésie et métaphysique.
Vendredi 4 avril Cérémonie d’Hommage à Kiyoshi Kurosawa
CLOUD (Japon)
Avec Masaki Suda, Kotone Furukawa, Daiken Okudaira, Amane Okayama…
Ryōsuke Yoshii vit de la revente de biens astucieusement acquis sur internet sous un pseudonyme.
Mais le développement de son activité attise peu à peu la colère des gens qui l’entourent et une
mystérieuse spirale de malveillance se propage, menaçant sa vie, jusqu’alors si ordinaire…
PRIX CLAUDE CHABROL
« C’est bien d’être un bon conteur d’histoires mais les histoires en général, c’est pour endormir les
enfants. Comme j’aimerais mieux réveiller les grandes personnes, ça m’est assez difficile de
mecontenter d’histoires. » Claude Chabrol.
Dès la création du premier Festival du Film policier à Cognac en 1982, puis ensuite à Beaune, le
cinéaste Claude Chabrol, (qui détestait l’autorité) s’était ironiquement autoproclamé président à vie
de la manifestation ! A sa disparition en 2010, le Festival a décidé de créer un Prix à son nom, prix
qui distingue dans la production française de l’année passée, un film noir, un polar, (genre que le
cinéaste, l’auteur pirate de plus de 50 films, affectionnait singulièrement) une oeuvre qui met en
scène le soleil noir et les affres qui chahutent l’âme humaine autant qu’elle scrute avec malice et
détermination, les mécanismes de l’impunité et les désordres de notre société. Cécile Maistre-
Chabrol (scénariste – écrivaine) et Stéphane Charbit (journaliste) ont souhaité, avec Aude Hesbert
la nouvelle directrice du Festival, donner encore plus de lumière à cette récompense. Ainsi, chaque
année, nous imaginerons un Club Chabrol, soit la réunion de quatre talents appartenant au monde
des arts, quatre personnalités joviales, modestes et passionnées de cinéma et/ou de polar, qui
choisiront parmi une sélection proposée par HOPSCOCTH Cinéma, l’honorable récipiendaire du
Prix Claude Chabrol. Parmi les déjà primés, citons entre autres Jusqu’à la Garde de Xavier Legrand,
38 témoinsde Lucas Belvaux, La Chambre Bleue de Mathieu Amalric, Petit Paysan, d’Hubert
Charuel, Les Algues Vertes de Pierre Jolivet…
LE ROYAUME de Julien Colonna a été déclaré lauréat du Prix du Claude Chabrol par le tout
nouveau Club Chabrol, la réunion de quatre talents appartenant au monde des arts, accompagnés
par Cécile Maistre-Chabrol (scénariste – écrivaine) et Stéphane Charbit (journaliste). Pour cette
édition 2025, les acteur.ices Léa Drucker et Victor Belmondo, la productrice Sylvie Pialat et
l’écrivain-scénariste Tonino Benacquista, nous ont fait la grande joie d’accepter d’inaugurer ce
Club Chabrol.
LE ROYAUME, de Julien Colonna (France)
Avec Ghjuvanna Benedetti, Saveriu Santucci, Anthony Morganti, Andrea Cossu…
Corse, 1995. Lesia vit son premier été d’adolescente. Un jour, un homme fait irruption et la conduit
à moto dans une villa isolée où elle retrouve son père, en planque, entouré de ses hommes. Une
guerre éclate dans le milieu et l’étau se resserre autour du clan. La mort frappe. Commence alors
une cavale au cours de laquelle père et fille vont apprendre à se regarder, à se comprendre et à
s’aimer.
Les précédents lauréats du Prix Claude Chabrol :
2024 Les Algues vertes de Pierre Jolivet
2023 L’Origine du mal de Sébastien Marnier
2022 Boîte noire de Yann Gozlan
2020 Roubaix, une lumière d’Arnaud Desplechin
2019 Jusqu’à la garde de Xavier Legrand
2018 Petit paysan de Hubert Charuel
2017 Diamant noir d’Arthur Harari
2016 Coup de chaud de Raphaël Jacoulot
2015 La Chambre bleue de Mathieu Amalric
2014 Foxfire, Confessions d’un gang de filles de Laurent Cantet
2013 38 Témoins de Lucas Belvaux & Mains armées de Pierre Jolivet
2012 Présumé coupable de Vincent Garenq
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