Des Hommes

Genre: Drame

Pays: France

Durée: 1h41

Réalisateur : Lucas Belvaux

Acteurs: Gérard Depardieu, Catherine Frot, Jean-Pierre Darroussin

Ce matin-là, on fête l’anniversaire de Solange. Dans ce coin reculé du monde, les villages sont souvent une grande famille. Il en faut peu pour rouvrir de vieilles plaies, un passé trop lourd qui vous entraine au fond du gouffre comme un boulet de bagnard. Bernard dit Feu-de- Bois s’invite à la fête, oublié comme la méchante fée de la Belle au bois dormant. Il va mettre le feu aux poudres pour une breloque, de vieux souvenirs qui rongent le cœur. C’est l’heure de faire remonter les blessures cachées, les rancœurs de l’adolescence, des premiers pas d’hommes dans la vie. C’est dur quand ceux-ci se font sur le front de l’Algérie en 1960. C’est douloureux quant tout le monde cherche à effacer la vérité aux multiples visages. Sur le territoire des mots et des souvenirs anciens, la mémoire n’a pas la même parole pour tous. Il reste ces vies que l’ont bâti, qui explosent et nous transforment à tout jamais en monstre ou en homme de bien. Il reste la guerre avec son cortège de visages et de visions que l’on n’oublie jamais. La vérité apparaît enfin, nue, sans fioriture et chacun comprendra combien le mauvais sort nous joue des tours.

 

On comprend combien la parole libère et le silence enterre, emprisonne dans des tours devenues imprenables. Lucas Belvaux rajoute une pierre à sa comédie humaine avec le poids du non-dit et du silence comme dans 38 témoins et la notion de bien et de mal. Cette dernière parcourt son œuvre, confrontant les hommes à des choix cruciaux, anges ou démons. C’est bien plus complexe qu’un simple jeu de blanc et noir. L’occasion d’un anniversaire ravive les blessures du passé, d’abord celles de la faille et des tiroirs secrets. Les voix off recomposent dans ce dernier drame un autre plus grand, celui de toute une vie. C’est celle de Bernard et des jeunes du village partis à la guerre, innocents broyés dans ce maelström sans nom. Les anciens nous disaient que la gueuse au chant des canons vous transformait. Elle faisait des gamins innocents des hommes. Sortis de la crasse, de la noirceur de la vie, ils restent des hommes blessés pour toujours. Ils en reviendront meurtris dans l’âme avec une image gravée au fer rouge. C’est elle qui ressort bien des années plus tard pour demander ses trente deniers. C’est le parcours de Bernard, parti avec un handicap, un secret de famille pesant sur le cœur. La guerre n’arrange rien. Elle lui promet des douleurs et l’amour. Elle marque au fer rouge et l’empêche de trouver le bonheur. Il se réfugie dans la rancœur acide rongeant ce qui reste de la vie. Une fois de plus, cette guerre sans nom revient sur les écrans pour se dévoiler un peu plus. Elle nous rappelle combien il est important de libérer la parole, de regarder sa part de ténèbres pour construire un monde nouveau. Elle nous rappelle combien la guerre détruit le bonheur à l’aube de la vie quand on pose les premières pierres de la maison. Est-ce que nos personnages ne sont pas perdus à tout jamais ? Lucas Belvaux se garde bien de juger, même si nous trouverons la réponse en lisant entre les lignes. Il nous laisse nous, témoins, décider de ce qui est bien ou mal. C’est cette histoire que creuse la filmographie du réalisateur depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui.

 

Patrick Van Langhenhoven

 

Lien Bande annonce : RW-RAz5WeZI

Lien documentaire sur Depardieu : 0b8mMks-5Is

 

Fiche technique

 

Titre français : Des hommes

Titre anglais : Home Front

Réalisation et scénario : Lucas Belvaux d’après Des hommes de Laurent Mauvignier

Décors : Frédérique Belvaux

Costumes : Dorothée Guiraud

Photographie : Guillaume Deffontaines

Montage : Ludo Troch

Pays d’origine : France — Belgique

Format : couleur — 35 mm — 2,35:1

Genre : drame, guerre

Durée : 100 minutes

Date de sortie : 31 août 2020 (Festival du film francophone d’Angoulême) 2 juin 2021 (en salles)

 

Distribution

 

Gérard Depardieu : Bernard alias Feu-de-Bois

Catherine Frot : Solange

Jean-Pierre Darroussin : Rabut

Yoann Zimmer : Bernard jeune

Félix Kysyl : Février

Edouard Sulpice : Rabut jeune

Clotilde Mollet : Nicole

Amelle Chahbi : Madame Chefraoui

Fleur Fitoussi : Mireille

Ahmed Hammoud : Idir

Michel Ferracci : le médecin

Mikaël Halimi : Segura

Jérôme Robart : le père de Mireille

Yannick Morzelle : Kastendeuch

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