47 e Festival du cinéma américain de Deauville
Du 3 au 12 septembre 2021
Depuis sa création en 1975, le festival du cinéma américain ne cesse de muter régulièrement.
André Halimi et Lionel Chouchan lancent le projet d’un festival autour du cinéma américain
et cherchent une ville d’accueil. Deauville est bien placée : territoire de nombreux tournages,
dont Un homme et une femme, le plus emblématique. Le groupe Barrière rejoint cette équipe,
les uns motivés par leur passion, les autres par l’envie de relancer la saison touristique au-delà
des courses hippiques. Ainsi en 1995 s’ouvre une petite manifestation qui deviendra grande.
Au départ, un simple coup de cœur se transforme en 1987 en une compétition officielle avec
un jury et son premier président, Andreï Konchalovsky. Les sélections s’étoffent, proposent
depuis les débuts un large panel du cinéma américain. Les grandes productions sont à
découvrir dans les sections hors compétition et avant-première et plus tard, le cinéma
indépendant, à travers la compétition. C’est ici que les réalisateurs de demain feront souvent
leurs premiers pas en France. C’est au cœur de la tourmente agitant le monde pour une
deuxième année que le festival déploie son tapis rouge avec pour horizon l’océan et plus loin,
l’Amérique. Il nous faudra encore nous plier aux règles qu’engendre une autre mutation plus
virulente. Elle n’entame pas notre passion pour ces retrouvailles dans la nuit éclairée par les
images d’un monde qui ne tourne pas rond. On aura des éclats de rire, des larmes, des
interrogations sur demain, des rêves plein les yeux et de l’amour à revendre. La compétition
nous donnera une fois de plus l’occasion d’un tour de piste du cinéma indépendant,
s’interrogeant comme le nôtre sur le sens de la vie. Elle sera sans aucun doute comme celle de
Capra, merveilleuse, à l’image de ces femmes en robes de soirée légères, papillons nocturnes
se brûlant dans les lueurs des projecteurs. Elle sera promesse d’autres rives où accoster,
navires en perdition dans la tempête des mutations. Elle ne sera que cinéma, encore et
toujours dans les mots, dans les gestes, dans nos rêves. On rendra des hommages aux disparus
dans l’ouragan, aux vivants, aux jeunes pousses en devenir. De nouveau, le cinéma français et
Cannes s’inviteront dans la ronde, comme les documentaires exploreront la vie outre-
Atlantique. La présidente et son jury entreront à chaque séance sous les applaudissements de
la foule enthousiaste, rituel immuable. Sur la terrasse, des rencontres donneront le ton d’une
existence endiablée des réalisateurs, acteurs, producteurs exhibant leur bébé à la foule. Au
loin, l’océan bercera de sa musique cosmique le chant de ce temple aux divinités multiples.
Nous rentrerons le soir fatigué, la tête pleine de questions, d’images, de visions, porte ouverte
sur un autre monde. Elles transformeront nos petites chambres closes en grands espaces aux
couleurs de l’Amérique. À l’heure du réchauffement climatique et d’une prise de conscience
engagée avec des films comme Une vérité qui dérange présenté par Al Gore au festival en
2006, il sera le premier engagé écologiquement avec un label spécifique. Pour l’instant, nous
savons qu’il sera présidé par la plus charmante, la plus modeste de nos actrices françaises,
Charlotte Gainsbourg. Il est à parier qu’elle défendra un cinéma profond, de conviction. Il
nous reste à attendre que tombent les compléments d’information pour savourer encore plus le
plaisir des retrouvailles.
Patrick Van Langhenhoven
Crédit Photo Michel Haumont pour Ciné Région
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