Le quatrième mur
Genre : Drame
Pays : France
Durée :1h56
Réalisateur : David Oelhoffen
Acteurs : Laurent Lafitte, Simon Abkarian, Manal Issa
« Qu’est-ce que tu comprends à cette guerre ?» Marwan.
Georges ne connaît rien à la guerre qui ravage le Liban. Il ne connaît que le théâtre. Pour
respecter la promesse faite à un ami, il accepte de monter Antigone au cœur du chaos. Georges
ignore encore que ce voyage dans un pays tourmenté le changera à jamais. Pour l’instant,
c’est avec son innocence et la conviction que ce projet utopique peut voir le jour qu’il
débarque. Première épreuve, réunir toutes les communautés dans un projet qui divise. Il est
porté par cette version d’Antigone d’Anouilh, né pendant une autre guerre. Il est guidé par
Marwan, un chauffeur druze, qui est à la fois son guide et son protecteur dans ce labyrinthe.
Ensemble, ils franchiront tous les obstacles et iront à la rencontre des différentes
communautés pour que ce rêve devienne une réalité. Dans ce voyage en enfer, Georges trouve
dans les yeux d’Imane un chemin d’espérance nommé amour. Comment ces deux êtres, à
l’image d’Antigone de la pièce, trouveront-ils le chemin du bonheur dans un pays qui ne le
connaît plus depuis longtemps ?
Après Loin des hommes, en partie inspirés d’une nouvelle d’Albert Camus, Les derniers
hommes narrant la longue fuite d’un groupe de légionnaires en Asie, avec Le quatrième mur,
le réalisateur semble former une trilogie sur la guerre. C’est bien plus que le conflit, rattrapé
par notre époque avec les évènements du 7 octobre, qui intéresse David Oelhoffen. C’est le
voyage au cœur de la tourmente d’individus qui devront faire des choix pour rester fidèles à
eux-mêmes et leurs convictions. C’est une fois de plus la route qui compte, plus que le but.
Conduire un prisonnier aux soldats dans la vallée pour Loin des hommes. Echapper aux
soldats japonais en traversant l’enfer de la jungle pour Les derniers hommes. Réunir une
troupe de comédiens de toutes les communautés pour jouer dans un no man’s land épargné par
la guerre pour ce dernier opus. Les personnages de David Oelhoffen, comme Ulysse, sont
confrontés à de multiples épreuves pour trouver leur Ithaque.
Georges n’échappe pas à la règle. Il arrive avec la conviction de monter Antigone, écho,
miroir de ce qu’il devra dépasser. Peu à peu, la guerre s’impose à lui comme un démon que
l’on doit vaincre pour avancer. Nous découvrirons au fur et à mesure de ce road movie
intérieur et extérieur que chacun devra affronter des épreuves qui révèleront leur force
intérieure. Georges endosse le rôle du chœur de cette tragédie, du narrateur rempart entre le
public et les comédiens, la guerre et ses acteurs. Il finit par comprendre que ce « quatrième
mur » n’est qu’une illusion et qu’il explose, poussé par les forces extérieures. Dans ce
paysage quelle place a l’amour ? Est-ce qu’il peut transcender l’impossible chaos pour ouvrir
vers un ailleurs meilleur ? Comment leur histoire peut-elle s’inscrire et échapper à la furie des
hommes ? La pièce est inspirée du mythe antique d’Antigone vu par Anouilh.
Sophocle raconte la lutte des hommes contre les dieux et le destin. Anouilh humanise la pièce
et parle plus du vain combat des humains face à l’hypocrisie, l’égoïsme, l’orgueil et le destin.
La poésie du vivant n’est jamais bien loin, se fracassant comme la vague sur les rochers de la
fureur des combats. C’est dans le cœur des hommes que se joue l’indicible bataille du bien et
du mal. Les trois films racontent, de manière différente, les mêmes combats de la vie contre la
mort, l’oubli, la guerre et la paix. On peut ajouter à cette liste, Frères ennemis, une autre
forme de guerre portant les mêmes choix. La mise en scène se déroule dans un paysage
dévasté que saisit admirablement David Oelhoffen, allégorie d’un monde mort qui peut
renaitre ou disparaître à jamais. Il interroge sur le poids de la réalité qui égare parfois le héros
dans son long chemin, entre imaginaire et réalité pour trouver la vérité.
Patrick Van Langhenhoven
Fiche technique
Titre original : Le Quatrième Mur
- Réalisation : David Oelhoffen
- Scénario : David Oelhoffen et Catherine Stragand, d’après l’œuvre de Sorj Chalandon
- Musique : Jerome Reuter et Tom Gatti
- Décors : Hussein Baydoun et Christina Schaffer
- Costumes : Magdalena Labuz et Ola Achkar
- Photographie : Guillaume Deffontaines
- Son : Quentin Collette, Pierre Mertens, Angelo Dos Santos, Rana Eid et Loïc Collignon
- Montage : Sandie Bompar
- Production : Bruno Levy
◦ Coproduction : André Logie, Gaëtan David, Jean-Luc Elhoueiss, Bady Minck et Alexander
Dumreicher-Ivanceanu
◦ Production déléguée : Christine Rouxel et Maya Hariri
◦ Production associée : Joffrey Hutin
◦ Production exécutive : Sabine Sidawi Hamdan - Sociétés de production : Panache Productions, Move Movie, Rhamsa Producitons, Amour Fou
Luxembourg, Eliph Productions et L’Émissaire de Baal - Sociétés de distribution : Le Pacte
- Pays de production : France, Luxembourg et Belgique
- Langue originale : français et arabe
- Format : couleur
- Genre : Drame
- Durée : 116 minutes
- Dates de sortie : 2024 (Angoulême) 15 janvier 2025
Distribution - Laurent Lafitte : Georges
- Simon Abkarian : Marwan
- Manal Issa : Imane
- Bernard Bloch : Sam Akounis
- Tarek Yaacoub : Nakad
- Nasri Sayegh : Joseph Boutros
- Pio Chahine : Charbel
- Elie Njeim : Nabil
Récompenses et distinction
Sélection au Festival du film Francophone d’Angoulême 2024 (Les Flamboyants)
Prix RTBF au Festival international du film francophone de Namur 2024
Prix du Public au Festival de Montélimar (De l’écrit à l’écran)
Prix du Public et Prix de la meilleure adaptation au festival du Croisic (De la page à l’écran)
Prix du Public au Festival du film de société de Royan
Meilleur Film au Festival du Film Francophone de Málaga
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