CHÈRE LÉA

Genre: Drame
Pays: France
Durée: 1h30
Réalisateur : Jérôme Bonnell
Acteurs: Grégory Montel, Grégory Gadebois, Anaïs Demoustier

C’est peut-être la fin d’une histoire simple, un homme une femme et plus de chabadabada !
Léa ne croit plus en cet amour qui ne quittera pas sa femme. Pourtant Jonas a franchi le pas,
mais est-ce qu’il n’est pas trop tard ? Dans un dernier sursaut, il s’accroche, espère, frappe à
sa porte. Elle n’en veut plus, le rejette. Il ne reste que sa fenêtre et sa voix, comme un vol
d’oiseaux s’envole vers le ciel. Jonas s’assoit au café d’en face, demande du papier pour une
longue lettre. La dernière, celle qui compte pour sceller un destin. Dans ce moment suspendu,
l’avenir se joue pour Jonas. Comme le Jonas prisonnier du ventre de la baleine qui finira par
gagner la lumière, Jonas dessine les mots sur le papier, rature, recommence, emporté par ce
qu’il n’a sans doute jamais dit. Au téléphone, son associé l’attend pour un rendez-vous qui
scellera le destin de leur entreprise. Nous l’avons compris, le café et toutes ces petites
histoires qui virevoltent autour de lui jouent une partition de l’éphémère, de l’inconstance.
Autour de lui, le monde s’agite comme pour mieux lui indiquer la suite… Au centre se trouve
l’indiscrétion du patron de café, face à cet homme perdu dans la tempête des sentiments. Il lit
la lettre et son cœur se prend de compassion pour cet homme dans le ventre de la douleur.

Il y a du Claude Sautet, du Claude Lelouch pour l’obsession amoureuse et peut-être du
François Truffaut. Depuis Le chignon d’Olga, son premier long métrage, en passant par Le
temps de l’aventure, nous retrouvons comme une petite musique, la permanence d’une
mélodie douce, amoureuse. Une fois de plus, c’est avec délicatesse qu’il trace les fils ténus
d’une histoire simple, un homme et une femme sont sur le palier de la séparation. Il lui écrit
une lettre. La lettre existe mais nous ne saurons jamais les mots qu’elle contient. Grégory
Montel, pour les besoins du personnage et du film, en a fait 60 pages. Elle est une accroche
pour endosser le costume de Jonas. Notre idée du Jonas dans le ventre de la baleine plait à
Jérôme Bonnell. Pour nous, il est enfermé dans son histoire et devra bien en sortir pour
s’exposer à la lumière du monde. C’est un homme prisonnier d’un amour qui agit trop tard
pour que Léa ose y croire encore. Il se retrouve dans ce lieu, ni paradis, ni enfer, ni purgatoire.
C’est celui que chaque spectateur construit au fur et à mesure du film. C’est au cœur de ce
drôle d’endroit, parfait pour la fin d’une histoire d’amour, que Jonas trouve la porte de sortie.
Il représente le pion perdu dans la tempête intérieure. Autour de lui gravitent des petites
touches de rien qui formeront le grand tout de la fin. Des personnages scellés à leur histoire
comme un écho, un appel du monde extérieur qu’il finit par entendre. Mathieu, le patron du
café, est un homme débonnaire, un observateur du monde qui se joue derrière le comptoir. Il
sort de sa position pour lire la lettre et, par ses conseils, finit par s’immiscer pour une fois
dans le récit. Il y a aussi Loubna, une jeune femme secrète qui a besoin d’aide pour monter un
canapé. Accessoirement, elle habite dans le même immeuble que Léa. Elle joue un rôle
important, sans le savoir, dans cette histoire. Quel lien la relie à Mathieu ? Nous voyons aussi
Nino, un fils obsédé par sa mère. Ils bâtissent une histoire amoureuse tumultueuse. Jonas
s’échappe pour rencontrer Harriet, son ex-femme Gare de l’Est. C’est un lieu qui se raccorde

parfaitement à cette histoire des adieux, souvent sur les quais de gare. La caméra de Jérôme
Bonnell se coule dans son histoire sans jamais jouer de l’effet. Elle prend la route et le cadre
parfait, l’angle juste, comme les acteurs menés de main de maître dans un partage impeccable.
Chacun apporte sa pierre à l’édifice des sentiments amoureux, de la difficile séparation. Que
ce soit Jonas et Léa, Jonas et Harriet, Nino et sa mère, Loubna peut-être, chacun raconte une
façon différente de celle-ci. Mathieu reste en dehors du cercle, son amoureuse est ailleurs,
comme si la distance renforçait les sentiments. Grégory Montel, acteur de Dix pour cent et à
l’affiche de nombreux films, porte magnifiquement le rôle sur ses épaules. Il est entouré d’un
casting remarquable, du plus petit au plus important. C’est un cinéma de la profondeur sur un
sujet qui pourrait apparaître mille fois rabâché. Il reste encore des choses à dire et Jérôme
Bonnell le dit si bien qu’il suffit de se laisser porter.

Patrick Van Langhenhoven

Fiche technique
Titre : Chère Léa
Réalisation : Jérôme Bonnell
Scénario : Jérôme Bonnell
Photographie : Pascal Lagriffoul
Son : Laurent Benaïm, Marion Papinot, Laurent Benaïm
Montage : Julie Dupré
Décors : Aurore Casalis
Costumes : Carole Gérard
Musique : David Sztanke
Producteur : Michel Saint-Jean
Société de production : Diaphana Films
Pays d'origine : France
Format : Couleurs – 35 mm
Genre : Comédie romantique
Durée : 1h 30
Date de sortie : 15 décembre 2021 (France)
Distribution
Grégory Montel : Jonas
Anaïs Demoustier : Léa
Grégory Gadebois : Mathieu
Léa Drucker : Harriet
Nadège Beausson-Diagne : Loubna
Pablo Pauly : Nino
Nadir Legrand :
Solène Rigot

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