Pendant près de 50 ans il a photographié Johnny Hallyday sur scène. Près de 4000 photos conservées  qui font du photographe Michel Leclerq le plus grand collectionneur de photos de l’icône de la chanson française.

À l’occasion de la sortie de son dernier livre « Johnny – Ses concerts, sa plus belle histoire d’amour » qu’il co-signe  avec Jean-François Chenut aux éditions Grund, nous l’avons rencontré.  

 

Comment êtes-vous venu à la photo ?

ML : J’ai toujours eu la passion de la photo et ce depuis que j’ai 15 ans. Déjà petit, je regardais mon grand-père manipuler des cellules, de la lumière, et je trouvais cela d’une magie exceptionnelle et d’une grande beauté. C’est ainsi que la graine fut plantée. Quelques temps après j’ai fait mon service militaire, et lorsqu’on on m’a demandé ce que je savais faire, j’ai répondu de la photo, alors on m’a emmené au service photo de l’armée.

Vos parents étaient-ils ouverts à l’idée de vous laisser faire de la photo ?

ML: Il n’y avait pas de photographe professionnel dans ma famille. Mon père était industriel et souhaitait que ses trois garçons deviennent également des industriels. Or moi je n’aimais pas cela. Mais j’ai eu beaucoup de chance avec ma mère car elle m’a défendu, et d’ailleurs c’est elle qui m’a inscrit aux Beaux-Arts. Au début mon père n’y croyait pas vraiment.  Mais lorsque j ‘ai démarré mon activité en septembre 1971, il a tout fait pour m’aider, notamment sur toute la partie gestion.

Quel souvenir gardez-vous de vos premières photos ?

ML : Ma mère m’avait inscrit à un concours de photographie en Franche-Comté. Il fallait présenter huit photos 30:40 en format noir et blanc. Sur une centaine de candidats, 7 des 8 photos que je présentais étaient sélectionnées et je remportais le concours. Après cette victoire, d’un seul coup, comme une étoile qui s’allume, j’ai dit que je voulais être photographe.

Tout au long de votre carrière vous avez fait diverses photos mais surtout des photos de Johnny. Qu’est ce qui vous a donné envie de le photographier ?

ML : j’ai été interne de la 6ème à la 2nde à Besançon et à l’époque nous étions enfermés du dimanche soir au samedi midi. J’ai souffert de cet enfermement puisqu’il m’a isolé. De plus quand on est adolescent on a des blessures. Moi j’ai trouvé en Johnny Hallyday un héro moderne avec lequel j’ai évolué pendant 60 ans. À travers ses chansons je me trouvais une sorte d’identité. D’ailleurs sa chanson « L’envie » est je trouve capitale pour toute femme ou tout homme, puisqu’une fois qu’on perd cette envie, on n’a plus rien. Cette chanson me rappelle toujours que moi j’ai eu la chance de faire un métier qui était au départ ma passion et donc de garder cette envie de travailler.

À votre avis qu’est-ce qui a fait de Johnny Hallyday une icône?

ML : Johnny Hallyday est un artiste qui a su toucher toutes les couches de la société. Les fans de Johnny vont de Philippe Labro, Daniel Rondeau qui vient d’entrer à l’Académie Française à des gens ultra-simples. Tout le monde reconnaît en Johnny une certaine sincérité, un don de lui-même et une passion qu’il a mené quasiment jusqu’à la fin de sa vie. De plus Johnny est un artiste qui très vite a soigné ses concerts. Ses modèles étaient Elvis Presley, James Dean ou encore Marlon Brando, autant de personnalités qui elles aussi ont su  s’affirmer en tant qu’icônes  de leurs domaines respectifs.

Vous possédez une collection inédite de photos de Johnny Hallyday. Que représentent-elles pour vous ?

ML : Effectivement, j’ai 4000 photos inédites de Johnny Hallyday. Chacune représente quelque chose de différent. D’ailleurs pour la petite anecdote, en 1976 après un concert à Nancy, avec son équipe nous nous sommes retrouvés au restaurant. J’avais tiré des photos de lui prises la veille. Après le restaurant je les lui ai offertes. Parmi ces photos, il y’en avait une sur laquelle il se recoiffait à la façon d’un Elvis Presley.et qu’il souhaitait utiliser comme pochette d’un de ses disques. 35 ans plus tard, une photocopie de cette photo est arrivée par la poste à mon studio envoyée par Universal Music France. Après quelques discussions, Universal a acheté la photo, et cette dernière a finalement été utilisée comme pochette d’un coffret de 8 cds de Johnny Hallyday.

Comment s’est faite la rencontre avec Jean-François Chenut  avec qui vous co-signez le livre« Johnny – Ses concerts, sa plus belle histoire d’amour »  ?

ML : On ne se connaissait pas du tout. C’est le directeur de l’agence AKG Images avec laquelle j’ai signé un partenariat qui a eu la bonne idée de nous mettre en duo. Au fil du temps je me suis rendu compte qu’il était vraiment exceptionnel dans son travail de recherche d’anecdotes, de précisions au niveau des dates, des concerts, des musiciens. D’ailleurs Thomas Pey, managing director de l’agence AKG ndlr m’avais dit « tu verras, il est comme toi. Il est en texte ce que toi tu es en photo ».

Michel Leclercq finalement qu’est ce qui fait une belle photo et qu’est-ce qui fait un bon photographe ?

ML : Il faut avoir l’instinct de l’image pour capter une lumière à un angle, et savoir manier les bons objectifs. Avec le temps tout cela s’affûte. Mais finalement, peut-être que le plus important c’est ce qu’on peut transmettre à ses proches avec ses photos.

Pour terminer, considérez-vous que les photographes sont des artistes ?

ML : Il n’y’a pas très longtemps, j’ai eu une discussion avec un prof de philosophie qui m’a dit « moi je t’admire parce que tu fixes le temps ». J’ai trouvé cela très intéressant et c’est vrai que finalement les photographes sont des personnes qui fixent les images dans le temps et qui souvent les ressuscitent comme au travers de ce livre.

 

Entretien mené par Sarah GIORIA NDENGUE 

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