La voix humaine
Genre: Drame
Pays: Espagne
Durée: 29 mn
Réalisateur : Pedro Almodóvar
Acteurs: Tilda Swinton
C’est l’histoire d’une séparation, long monologue d’une femme abandonnée. La silhouette d’une femme se découpe sur la toile tendue, ombre portée vers l’oubli. C’est une femme au cœur du silence dont la voix s’élance, dernier envol vers l’espérance d’une histoire devenue ombre. Elle se libère dans un monologue sentimental, vague à l’âme d’une romance en route pour le caveau des souvenirs. La robe est rouge comme le cœur qui ne veut plus battre pour personne. La pièce devient décor de théâtre, celui de la vie qui se joue sur une scène à l’envergure du cosmos. Un chien, symbole de fidélité, erre dans ses pas, témoin d’un récit fantôme. C’est la blessure profonde qui prend vie dans la parole. Au téléphone, l’homme semble muet. Elle, paisible après la tempête, annonce la fin d’un été que l’hiver et ses arbres morts aux doigts crochus emportera. Elle ignore qui de la vie où la mort l’emportera dans cette tempête. C’est l’histoire d’une séparation, long monologue d’une femme abandonnée.
Pour son premier film en anglais, Pedro Almodovar adapte à sa façon le monologue créé par Jean Cocteau, La voix humaine. Le texte est écrit en 1929 pour Berthe Bovy, repris par Simone Signoret en 1964, Anna Magnani dans L’Amore de Rosselini en 1948. Pedro Almodovar l’évoquait dans son premier long métrage La Loi du désir (1987) et en fait le point de départ de Femmes au bord de la crise de nerfs (1988). La pièce originale est vue par certains comme le dialogue entre le monde d’en haut et celui d’en bas. « La scène est une chambre de meurtre ». Pedro Almodovar, à l’image de ces femmes survivantes du chaos, transforme celle-ci en monologue du vivant. Le décor et les couleurs, personnages à part entière, jouent la palette du rouge, du vert et autres tons éclatants, éclaboussant du vivant un discours d’abandon, de départ. Tilda Swinton, magnifique, éclipse en partie les actrices qui l’ont précédée en donnant corps et âme à des mots vivants. Elle passe de pièce en pièce dans ce qui fut, à l’image de L’empire des sens, un nid d’amour. Elle trouve une nouvelle énergie qui, après l’ouragan dévastateur du cœur, apporte l’espérance. La dernière séquence est magnifique de symbolisme, en double et même triple lecture. Elle met le feu, aux sens propre et figuré, à une histoire qui ne la détruira pas. Elle rejoint la galerie des muses du réalisateur qui, dans la tempête, ne lâchent rien. On doit cette chute au chien cabochard. C’est ce que nous expliquent Pedro Almodovar et Tilda Swinton dans le long entretien bonus. Dans ce dernier, le réalisateur explique son choix et son intérêt depuis longtemps pour le texte de Cocteau. Loin de ces thématiques lumineuses et volubiles, il transforme La voix humaine aux relents mortels en un cri d’amour et de délivrance. Dans cette version, contrairement à l’original, c’est la femme qui l’emporte. Il reste cette part d’incommunicabilité de l’amour, le mélange du réel et du théâtre. Il lui offre une symbolique riche dans le choix du décor, des vêtements, des couleurs et d’une fin inspirée. Pedro Almodovar, au sommet de son art, trouve en Tilda Swinton une nouvelle muse appelant à un nouveau projet en commun. N’est-ce pas Matilda !
Patrick Van Langhenhoven
DVD
Distributeur : Pathé
Vidéo : 16:9 compatible 4/3 format d’origine respecté 1.85
Son : Espagnol Dolby 5.1
Sous titres : français
Bonus : Entretien exclusif avec Pedro Almodóvar et Tilda Swinton (45 minutes)
Lien Bande annonce : N85glhNw4XQ
Fiche technique
Réalisateurs : Pedro Almodóvar
Scénariste : Pedro Almodóvar, D’après l’oeuvre de Jean Cocteau
Compositeur : Alberto Iglesias
Producteur : Agustín Almodóvar
Productrice : Esther Garcia
Equipe technique
Directeur de la photographie : José Luis Alcaine
Chef monteur : Teresa Font
Distribution
Attachée de presse : Alexis Delage-Toriel, Gustave Shaïmi
Production : El Deseo
Agence de presse : Le public système cinéma
Distributeur France : Pathé
Rôle
La femme : Tilda Swinton
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