Oppenheimer
Genre : Biographie
Pays : USA
Durée : 3h
Réalisateur : Christopher
Nolan Acteurs : Cillian
Murphy, Emily Blunt, Matt Damon


« Les Prométhée modernes ont de nouveau gravi le mont Olympe et rapporté à l’homme les foudres même
de Zeus. » The Scientific Monthly septembre 1945.
C’est l’histoire d’un jeune homme, J. Robert Oppenheimer qui voyait, à l’aube de la physique quantique, le
monde autrement. Il parcourt les universités d’Europe pour parfaire ses connaissances et importer aux
Etats-Unis une révolution profonde, la physique quantique, un monde de particules et ses applications
nucléaires. Il devient l’esprit le plus brillant, comparable à Einstein qu’il croise à plusieurs reprises. Il
rencontre son premier amour, Jean Tatlock, qu’il inonde de fleurs. Il s’intéresse aux nouvelles idées que
suivent son frère et Jean, le communisme. C’est Kitty qui gagne son cœur et l’épouse en 1940. Il rencontre
Lewis Strauss, Président de la commission énergie atomique des Etats-Unis, qui s’opposera après-guerre
au partage des connaissances nucléaires et désirera sa chute. L’Amérique entre en guerre et bientôt la
question d’une bombe destructrice comme jamais avant se pose.
Les nazis sont en course dans l’ombre pour mettre au point la première bombe A. Le général Groves le
nomme à la tête du projet de recherche Los Alamos qui doit aboutir à la création de la première bombe
atomique qui sera larguée sur Hiroshima et Nagasaki. C’est un grand succès pour J. Robert Oppenheimer
et son équipe. Cet épisode met fin à la Seconde Guerre mondiale. Il est conscient de l’escalade qui
s’ensuivra et alerte sur la nécessité de gérer ce nouveau feu offert aux hommes. Après la gloire et des
fonctions importantes au sein du gouvernement, ses prises de position lui vaudront un procès caché sous
forme de contrôle du renouvellement de son habilitation de sécurité. La commission conclut par ce
verdict qu’ Oppenheimer est loyal, mais elle recommande de ne pas restituer son habilitation. Comme le
dira Marvin Leonard Goldberger « Le pays lui demanda de faire quelque chose et il l’accomplit
brillamment ; pour cet extraordinaire accomplissement, ils le récompensèrent en le brisant. »

« Il existe une grande différence entre le monde des apparences créé par notre esprit et le monde réel
auquel les lois de cause et d’effet donnent lieu. » Bouddhisme.
Toujours au cœur de notre esprit, après le bien et le mal à travers sa trilogie de Batman, c’est de
nouveau la question morale autour de la Seconde Guerre mondiale après Dunkerque qu’il interroge. Il
choisit une figure ambivalente qu’il traite comme un mythe prométhéen en adaptant le roman American
Prometheus: The Triumph and Tragedy of J. Robert Oppenheimer (2005) de Kai Bird et Martin J.
Sherwin. Dans une valse remarquable de retours en arrière à travers trois périodes clefs, Christopher
Nolan rend hommage à ce génie du XX

e siècle. La première partie suit la formation à travers l’Europe et
aux Etats-Unis de celui qui perçoit une autre réalité dans des visions prophétiques. La mise en scène se
pousse pour embraser, embrasser les visions des particules dans un chant des confins qui
révolutionnera le monde. Oppenheimer importe la physique nouvelle en Amérique et devient le chef de
file de nombreux scientifiques ayant fui l’Allemagne.
Dans cette première partie, Nolan nous dévoile les tourments amoureux et sa relation torride avec Jean et
son mariage plus sage avec Kitty. C’est une époque en pleine mutation idéologique, scientifique et morale
que la guerre poussera à se confronter avec les armes du diable. La deuxième partie nous amène à Los
Alamos et la création d’un centre de recherche que conduit Oppenheimer avec, pour finalité, la création de
la bombe A. Aux questions scientifiques se mêlent celles plus philosophiques et morales liées à la création
d’une arme nucléaire. On se demande si l’explosion n’embrasera pas le monde entier. Ce à quoi répond
Oppenheimer, « La probabilité est proche de zéro ». « Je deviens la Mort, le destructeur des Mondes »
dira Oppenheimer en empruntant les vers du Mahabharata. Ils ont conscience qu’ils offrent à l’humanité, à
la fois l’objet de sa délivrance et celui de sa perte. Après Los Alamos, de nombreux scientifiques tenteront

d’avertir sur les dangers d’une escalade que nous subissons aujourd’hui. Après la reconnaissance et la
gloire vient l’heure des coups bas face aux alertes pour gérer ce petit diable dans sa boite de Pandore.
C’est Lewis Strauss, un homme rancunier, qui orchestre dans l’ombre cette chasse pour abattre le père de
la bombe. Le film joue à la fois sur la biographie, le film de guerre, d’espionnage, voire catastrophe avec
la création de la bombe, et s’achève sur le film de procès avec son jeu de mensonges et chausse-trappes.
Christopher Nolan construit un film à la fois mythologique, biblique, tout en maintenant le suspense, en
fouillant dans l’âme de ses personnages pour une vision remarquable d’une époque cruciale de l’humanité.
Il est aussi à l’aise dans la grande histoire comme dans celle, plus intime, de ses héros se débattant avec
cette question essentielle, la fin justifie-t-elle les moyens ? Il n’y aura pas eu besoin de Zeus pour clouer
au rocher le nouveau Prométhée, les hommes ont su le faire à leur façon, en « mieux ». Nolan s’entoure
d’une pléiade d’acteurs magnifiques pour donner vie à des personnages complexes. C’est une grande
fresque cinématographique comme nous les aimons.
Patrick Van Langhenhoven
Pour compléter votre regard et aller plus loin, nous vous conseillons, chez Larousse, L’énigme Robert
Oppenheimer, et au Cherche-Midi American Prometheus: The Triumph and Tragedy of J. Robert
Oppenheimer de Kai Bird et Martin J. Sherwin.


Fiche technique


Titre original et français : Oppenheimer
Réalisation : Christopher Nolan
Scénario : Christopher Nolan, d’après le livre American Prometheus: The Triumph and Tragedy of J.
Robert Oppenheimer de Kai Bird et Martin J. Sherwin
Musique : Ludwig Göransson
Direction artistique : Samantha Englender et Anthony D. Parrillo
Décors : Ruth De Jong
Costumes : Ellen Mirojnick
Photographie : Hoyte Van Hoytema
Montage : Jennifer Lame
Production : Christopher Nolan, Charles Roven et Emma Thomas
Production déléguée : Thomas Hayslip
Sociétés de production : Atlas Entertainment et Syncopy ; Universal Pictures et Universal Studios
(coproductions)
Société de distribution : Universal Pictures, Sony Pictures Releasing
Budget : 100 millions de dollars
Pays de production : États-Unis / Royaume-Uni
Langue originale : anglais
Format : couleur et noir et blanc — 65 mm (IMAX)
Genres : drame biographique ; historique
Durée : 180 minutes
Date de sortie: 19 juillet 2023
Distribution
Cillian Murphy (VF : Rémi Bichet) : Robert Oppenheimer
Robert Downey Jr. (VF : Bernard Gabay) : Lewis Strauss
Matt Damon (VF : Damien Boisseau) : le lieutenant-général Leslie Groves
Emily Blunt (VF : Laëtitia Lefebvre) : Katherine Oppenheimer
Rami Malek (VF : Alexis Tomassian) : David Hill

Florence Pugh (VF : Ludivine Maffren) : Jean Tatlock
Benny Safdie (VF : Sacha Petronijevic) : Edward Teller
Michael Angarano (VF : Guillaume Lebon) : Robert Serber
Josh Hartnett (VF : Adrien Antoine) : Ernest Lawrence
Kenneth Branagh (VF : Christian Gonon) : Niels Bohr
Olivia Thirlby (VF : Audrey Sourdive) : Lilli Hornig
Dane DeHaan (VF : Benjamin Bollen) : Kenneth Nichols
Danny Deferrari : Enrico Fermi
Dylan Arnold (VF : Jonathan Le Guillou) : Frank Oppenheimer
David Krumholtz (VF : Bruno Magne) : Isidor Isaac Rabi
Alden Ehrenreich (VF : Julien Allouf) : l’assistant du Sénat
Jefferson Hall (VF : Lionel Tua) : Haakon Chevalier
Matthew Modine (VF : William Coryn) : Vannevar Bush
Jack Quaid (VF : Clément Moreau) : Richard Feynman
David Dastmalchian4(VF : Sébastien Desjours) : William L. Borden
Tom Conti (VF : Patrick Raynal) : Albert Einstein
Jason Clarke (VF : Axel Kiener) : Roger Robb
Josh Peck : Kenneth Bainbridge
Devon Bostick : Seth Neddermeyer
Alex Wolff : Luis Walter Alvarez
Tony Goldwyn (VF : Jérôme Keen) : Gordon Gray
Scott Grimes : conseiller
Josh Zuckerman (VF : Hervé Rey) : Giovanni Rossi Lomanitz
James D’Arcy (VF : Patrick Mancini) : Patrick Blackett
Matthias Schweighöfer : Werner Heisenberg
Christopher Denham (VF : Anatole de Bodinat) : Klaus Fuchs
David Rysdahl (en) : Donald Hornig
Guy Burnet (en) : George Eltenton
Louise Lombard : Ruth Sherman Tolman
Harrison Gilbertson : Philip Morrison
Emma Dumont : Jackie Oppenheimer
Gustaf Skarsgård (VF : Jochen Haegele) : Hans Bethe
Trond Fausa Aurvåg (VF : Thierry Gondet) : George Kistiakowsky
Gary Oldman (VF : Vincent Violette) : Harry S. Truman
James Remar : Henry Lewis Stimson
Olli Haaskivi (en) (VF : Laurent Morteau) : Edward Condon
Casey Affleck (VF : Donald Reignoux): Boris Pash
Macon Blair (VF : Xavier Fagnon) : Lloyd K. Garrison

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