Genre : SF

Pays : Maroc

Durée : 1h30

Oughaou Itto, jeune fille d’origine modeste, trouve presque le bonheur dans la famille de son mari plus aisé. Elle vit dans l’opulence et sans souci, sauf dans ses relations à sa belle-mère, stricte. Enceinte, elle préfère rester à la maison, cocon de luxe marquant la condition de riches de sa nouvelle famille. Elle profite du calme et d’une journée paisible quand d’étranges phénomènes surgissent à l’extérieur. La demeure se trouve coupée du monde par les forces locales interdisant tout exode aux populations. Elle tente de comprendre la présence d’un brouillard qui risque de contaminer le pays. Itto commence à craindre pour son enfant et décide, avec une poignée d’argent, d’acheter un passeur pour fuir la zone. Elle ignore encore que le phénomène aura un impact bien plus profond sur elle, qu’elle n’est pas une simple spectatrice mais bien une partie importante de ce qui se joue. L’heure de l’éveil à une autre conscience arrive. L’enfant est-il peut-être un nouveau messie ? « Ce sont les gens du ciel. La seule certitude, c’est que nous ne sommes plus seuls dans l’univers » Court-métrage Qu’importe si les bêtes meurent. Animalia est un film particulier, à la fois social et spirituel en mixant les genres dans une recomposition nouvelle. C’est avant tout le récit qui épouse les différents genres pour raconter une histoire qui nous dépasse. C’est à la fois dans le fond et dans la forme qu’il annonce un cinéma dépassant les frontières. C’est d’abord la condition des classes, entre les riches et les pauvres, à travers cette famille et cette jeune femme de condition modeste. Le récit s’ouvre sur le vide et le silence qui marquent profondément la suite de leur empreinte avec le contemplatif. La richesse s’étale comme une évidence aux yeux du spectateur. Itto est écrasée par sa belle-famille qui ne cesse de lui faire comprendre la chance qu’elle a. Seul son mari ne la considère pas de haut. C’est une critique de la société, universelle, dans ses fractures entre les riches et les pauvres. L’argent est le grand seigneur mais nous comprendrons par la suite qu’il n’est rien. Le film bascule de la chronique sociale à un cinéma plus onirique, plus étrange avec le rapport à l’animal et plus particulièrement aux chiens. Un lien se tisse avec Itto comme une évidence, celle d’appartenir à un grand tout, de communiquer par une autre forme que celle du langage. Animalia s’approche de l’antispécisme et du nouveau regard sur les animaux, voire peut-être de la métempsychose.  Dans sa dernière partie il se confronte à la religion dans un message plus universel et une approche plus bouddhique d’appartenance au cosmos. Enfin, il aborde aussi la condition de la femme, toujours dans un regard universel, à travers la femme marocaine. Dans sa forme, il s’approche parfois de Terrence Malick, par le regard que Sofia Alaoui porte sur l’espace, souvent vide, et la nature. Nous pensons aussi à Naomi Kawase, traversée en grande partie par les mêmes questions et l’aspect contemplatif, le fait de laisser le temps au paysage de prendre la parole à travers le silence. La place de la femme semble également importante chez ces trois réalisateurs et réalisatrices. Le féminin et le masculin se réunissent dans une osmose, dans l’esprit du yin et du yang, comme la pièce de monnaie, dont les côtés pile et face ne peuvent exister séparément. La présence du divin reconsidérée comme une forme, bien plus qu’une force au-dessus de nous et qui n’attend que notre retour. Animalia se médite, s’apprécie sur grand écran, déployant ses formes et ses mots dans une interrogation universelle. Il nous force à lever les yeux vers le ciel en se demandant où est notre place dans tout cela. A la fois dans le chant cosmique et celui, moins onirique et spirituel, de la société. Comme le dit le proverbe : « Connais-toi toi-même et tu connaitras l’univers ». Nous pouvons l’interpréter de la façon suivante : Pour connaître le monde invisible, il faut d’abord connaître notre propre monde visible et invisible.

Fiche technique :

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