«Été 2003. Station balnéaire de Saint-Jean-de-Monts, en Vendée. Un
adolescent disparaît… Puis deux, puis trois… Certains sont retrouvés,
d’autres non. Qui les enlève ? Pourquoi ? Que sont devenus ceux dont
on n’a jamais retrouvé la trace et comment expliquer le silence prostré
des rescapés, surgis de nulle part ? Quel sombre trafic s’organise dans
la discothèque La Maison Bleue ?
Dans une ambiance faussement relax de village vacances, Dernier
parking avant la plage
aborde par le biais d’une intrigue minutieusement
ficelée les thèmes contemporains et cruciaux de la disparition
d’enfants, de la démission parentale et de l’adolescence qui se cherche » .

« Dernier Parking avant la plage » c’est l’histoire d’un fait divers qui n’a pas fini de faire écho à la société, dans ce qu’elle peut avoir de sombre et d’ effrayant. Ici le banal des personnages et le trivial d’un programme de vacances rencontrent le suspens et l’énigme d’une affaire de disparition d’enfants.

Le lecteur, également spectateur de ce récit se retrouve immergé et tenu en haleine par cette histoire, qui, comme une toile d’araignée, se tisse à partir d’un événement observé depuis différentes perspectives. Une immersion facilitée par le détail rigoureux apporté à la description de chaque moment. De l’atmosphère à la psychologie des personnages, tout y est rendu perceptible. Un assemblage cohérent et intéressant qui fait que 20 ans plus tard, « Dernier Parking avant la plage » réussit l’exploit de nous plonger dans la France des années 2000 tout en restant profondément actuel.

Sophie Loubière, près de vingt ans plus tard, qu’est ce qui vous a donné envie de retravailler ce livre ?

SL : Cette décision est d’abord le fruit d’une belle rencontre avec Marc Olivier Rinchart (directeur des éditions IFS NDLR) au festival des littératures policières de Libourne. Il m’a proposé de l’ajouter à sa collection Phénix noir. J’en ai été ravie c’était l’occasion pour moi de reprendre certains passages, d’affiner certains dialogues.

Parmi les lecteurs de l’édition 2023 du roman il y’en aura certainement des anciens et des nouveaux D’une version à l’autre avez-vous opéré de nombreux changements sur le texte ?

SL : À l’époque avec ce polar j’avais déjà anticipé  un certain nombre de sujets que je serais amenée à traiter dans d’autres livres, notamment les rapports aux autres . Mais il me semblait que le texte manquait d’approfondissement lorsqu’il s’agissait d’exprimer les pensées intérieures des personnages, ainsi que leurs sentiments. C’est intéressant de comparer ce qui a été modifié d’une version à l’autre. Mais pour quelqu’un qui ne l’a pas encore lu, ce serait dommage de se procurer l’ancienne version.

On retrouve dans ce roman une galerie de personnages assez différents affrontant chacun leurs vicissitudes. Y’a-t-il eu une volonté de créer des personnages avec de telles aspérités ? Ou alors se sont-ils simplement imposés à vous parce que finalement dans la vie on a tous nos histoires plus ou moins drôles ?

SL : Lorsque j’écris un roman j’aime explorer les angles morts de notre société, gratter là où ça fait mal, montrer ce que l’on ne veut pas voir, et ce qui peut engendrer de la colère ou de la déviance. À l’image des séries tv américaines, plus elles sont ancrées dans un réel, plus elles sont intéressantes. Le crime est toujours révélateur d’une problématique sociale ou comportementale. En même temps cet ancrage dans le réel va permettre d’installer des personnages auxquels on s’attache. C’est un peu dans cet esprit que j’écris.

Il y’a également dans ce roman une attention particulière portée à la description des scènes, la description des lieux, leur situation géographique. Pourquoi ce choix d’aller aussi loin dans le détail ?

SL : La topographie est essentielle quant à la compréhension de l’histoire. Pour le
lecteur qui habiterait  Saint-Jean-De-Monts, ça lui permet de se  projeter dans un décor familier et concret. Quant au côté « fignolé » de mon écriture, il vient d’une approche cinématographique du
texte : je m’intéresse au cadrage, aux gros plans, à la bande son, à tous ces détails.

Un peu comme Tarantino le fait, sur une scène qui d’emblée peut sembler anecdotique, par exemple on va mettre en place beaucoup de choses, retarder des actions, accentuer des effets de mouvements, etc… Tous ces choix permettent également de manipuler le lecteur, de jouer avec lui, et surtout de le  balader dans un décor mouvant. Je fais également un travail de reporter, je me documente beaucoup sur les lieux et les sujets que je traite. C’est peut-être aussi l’héritage de la journaliste que je suis.

Vous évoquiez il y’a un instant le travail effectué autour de la bande son. Effectivement il y’a dans ce livre de nombreuses références musicales. Comment avez-vous choisi ces chansons ? S’agit-il de chansons que l’on retrouve dans votre playlist ?

SL : Les musiques que l’on retrouve au cours de ce livre ne font pas nécessairement partie de ma playlist. Ce sont surtout des musiques typiques des clubs d’animation depuis de nombreuses années. La seule référence musicale qui a été ajoutée par rapport à la précédente version c’est la chanson « aimons-nous vivants » de François Valery, parce que je trouve cette chanson magnifique, il colle assez bien avec le drame personnel de François, le veilleur de nuit..

https://youtu.be/gQUOXqyIkj4

Par ailleurs, j’ai également présenté une chronique de musique de films sur France Inter pendant plusieurs années. Et pour la petite histoire, il existe une playlist du livre « Dernier parking avant la plage » qui regroupe toutes les références musicales présentes dans le livre.

https://open.spotify.com/playlist/2Jkry8gKxdWwCYCYOdjtLL?si=cea3dea6e2024925
Playlist « Dernier parking avant la plage » par Sophie Loubière

On le voit bien à travers les références, ce livre est profondément ancré dans son époque, les années 2000. Mais en même temps, il a quelque chose de très actuel dans les sujets qui sont traités. Finalement à quelle époque se rattache ce roman ?

SL : Mon ambition a toujours été d’écrire des romans ancrés dans une époque. Dans celui-ci j’évoque comment vivait la jeunesse dans les années 2000, ce qu’étaient les rapports familiaux par exemple. Mais je me rends bien compte que l’époque n’a absolument plus rien à voir. Les vingt dernières années ont transformé les rapports parents/enfants. Aujourd’hui les parents ont tendance à trop couver les mômes ( ces fameux parents « hélicoptères » ). La façon de se rencontrer chez les jeunes est différente, on a des ados de plus en plus sédentarisées à cause des jeux vidéos. Les réseaux sociaux occupent une place prépondérante. ce roman est bien représentatif  des années 2000 avec son petit coté désuet, mais aussi alertant..

Et aujourd’hui pensez-vous que vous auriez pu écrire ce roman ?

SL : Aujourd’hui je n’écrirais peut-être pas ce roman du même point de vue parce que je ne suis plus une jeune maman isolée, en rupture sentimentale et que je m’intéresse à d ‘autres aspects de la vie d’une femme Écrire c’est complètement se fondre dans la peau de ses personnages à partir de soi et de ce qui bat en nous.

Le roman « Dernier Parking avant la plage » est publié dans sa version complètement revue par l’autrice aux éditions Phénix Noir.

Entretien mené par Sarah GIORIA NDENGUE

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