Genre : Action
Pays : USA
Durée : 2h40
Réalisateur : Chad Stahelski
Acteurs : Keanu Reeves, Donnie Yen, Bill Skarsgård

C’est l’histoire d’un homme qui pensait échapper à l’enfer, couler des jours paisibles auprès de sa belle avant que le cancer ne rebatte les cartes. Il lui restait juste un chien pour regarder le temps passé, avant que la faucheuse ne réunisse les amants séparés. Un fâcheux décide de tuer l’animal sans se douter qu’il venait d’ouvrir la porte de l’enfer à un homme qui n’a plus rien à perdre. Quelle Eurydice cherche donc John Wick ? C’est la longue quête d’un mourant au pays des morts. Il trace une ligne rouge de sang qui ne s’arrêtera jamais. Comme Sisyphe, il est condamné à répéter la même errance, ignorant que l’on ne sort pas de l’antre de Satan. Ses ennemis pensent que la vengeance le tient debout au milieu des flammes. Excommunié, châtié, chassé de l’organisation, il ne s’assiéra jamais à la grande table. C’est dans le
crépuscule d’un soleil caressant les escaliers de Montmartre que cette course folle s’achève par un duel à l’ancienne. Est-ce la fin de John Wick pour rejoindre les Champs Elysées où le héros vertueux goute à la paix de l’âme ?

Depuis le second volet, les scènes de combat mènent la valse dans une surenchère de cascades, réfléchies à l’inverse de certaines sagas. De film en film, la franchise John Wick construit sa philosophie et son univers développé en comics, jeux vidéo, et série. Elle s’avère assez simple et reprend un mythe urbain d’une mondialisation du crime organisé. La mafia, les triades, les Russes tatoués, les yakuzas se retrouvent autour de la grande table qui n’est pas ronde pour mener le monde du crime. Il existe des points blancs, hors d’atteinte de la violence, sur cet échiquier de go. Comme toute organisation, on ne la quitte qu’une fois mort. Derrière ce décor, nous pouvons décrypter les grands thèmes de la mythologie, de la tragédie antique. John Wick est peut-être un Orphée de violence en quête d’une Eurydice inaccessible.
C’est une descente aux enfers sous l’étoile de la vengeance, menée par la mort elle-même.

Dans ce dernier volet, les références aux autres épisodes sont nombreuses, reprises de certains lieux comme la boîte de nuit et sa musique. D’autres viennent s’insérer dans cette panoplie d’autocitations, les Champs Elysées, encore une référence à la mythologie, dans un cercle infernal qui n’en finit pas. Le Trocadéro et la tour Eiffel représentent les clandés de la grande table, le gravissement de la montagne le symbole de la lutte pour atteindre le sommet où vivent les dieux. Puis c’est la séquence finale à Montmartre avec ses escaliers. C’est parfois un peu long et répétitif pour les combats mais quand on aime on ne compte pas ! C’est un voyage en accéléré d’un album qui ressemble à la punition de Sisyphe, ou celle de Prométhée : revivre éternellement le même combat.

Dans cette galerie, certaines figures se détachent, Caine le sabreur aveugle, peut-être un hommage au sabreur manchot, Shimazu Kozi et sa fille Akira, et peut-être un fils spirituel avec son chien le Tracker. D’autres s’effacent comme Charon, le passeur des enfers, Le Marquis, le Roi Bowery et Winston mais d’autres arrivent pour étoffer la liste. C’est clairement un film crépusculaire sous des éclairs mirobolants, flashes des néons et la nuit sous la lueur des réverbères. Depuis le début, cette histoire sans fin n’avait
qu’une seule issue : on ne revient jamais de l’antre du Diable. On reste condamné dans les sept cercles de l’enfer. Il ne vous reste plus qu’à pénétrer dans le premier mais vous êtes prévenus du risque d’addiction.

Patrick Van Langhenhoven

Fiche technique

Titre original : John Wick: Chapter 4
Titre francophone : John Wick : Chapitre 4
Réalisation : Chad Stahelski
Scénario : Michael Finch et Shay Hatten
Musique : Carson X. MacDonald
Photographie : Dan Laustsen
Costumes : Françoise Clavel
Production : Basil Iwanyk, Erica Lee
Production déléguée : Keanu Reeves, Louise Rosner
Sociétés de production : Lionsgate, Thunder Road Pictures
Sociétés de distribution : Lionsgate (États-Unis), Metropolitan Filmexport (France), Cineplex Pictures
(Canada)
Pays de production : États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : action
Durée 169 minutes
Dates de sortie : 22 mars 2023
Classification : interdit aux moins de 12 ans lors de sa sortie en salles

Distribution
Keanu Reeves (VF : Jean-Pierre Michaël) : Jonathan « John » Wick
Donnie Yen (VF : Antoine Schoumsky) : Caine
Laurence Fishburne (VF : Saïd Amadis) : Bowery King
Ian McShane (VF : Philippe Catoire) : Winston
Rina Sawayama (VF : Barbara Beretta) : Akira
Shamier Anderson (VF : Baptiste Marc) : Tracker
Bill Skarsgård (VF : Gauthier Battoue) : Marquis de Gramont
Scott Adkins (VF : Jochen Hägele) : Killa
Marko Zaror (VF : Enrique Carballido) : Chidi
Lance Reddick (VF : Thierry Desroses) : Charon
Hiroyuki Sanada (VF : Boris Rehlinger) : Shimazu
Natalia Tena (VF : Macha Petina) : Katia
Clancy Brown (VF : Philippe Crubézy) : Harbinger
Aimée Kwan : Mia
George Georgiou (VF : Ali Guentas) : l’Ancien (The Elder en VO)

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