Depuis longtemps le monde n’est plus que chaos, Dieu semble avoir abandonné ses brebis à la
meute furieuse. Dans cet univers de sable couvrant le bitume où un motard trace la route,
ailleurs, une autre figure apparaît. Elle vient de la terre des Vuvalini, Eden d’émeraude dans
ce monde à la couleur du sang. Le seigneur de la guerre, Dementus, tente de transformer cette
enfant innocente en une âme noire. Il ignore que la douleur, la séparation, la mort de sa mère,
en feront une guerrière impitoyable. L’enfant devient une jeune fille, puis une femme tiraillée
entre deux fous, Dementus et Immortan Joe. Ils rêvent de posséder la terre d’émeraude qu’elle
est seule à connaître. Furiosa garde son secret bien enfoui au fond de son âme, ne révélant
jamais le lieu de l’Eden. Elle profite d’une guerre sans merci entre les deux hommes
diaboliques pour assouvir sa vengeance et s’en émanciper. Une nouvelle figure parcourt ce
monde de violence, bien décidée à tracer la route, en évitant les écueils pour retrouver le
paradis de son enfance, s’il existe encore.

La sortie de Furiosa une saga Mad Max nous cache bien plus que du vide, derrière la machine
flamboyante à grand spectacle et sa maitrise du blockbuster. C’est l’occasion pour nous
d’interroger la figure du héros dans l’œuvre de George Miller. On pense à l’analyse de Joseph
Campbell décrite dans son livre Le Héros aux mille et un visages (1949). Il tente d’élaborer
une lecture du héros universelle, se résumant à une quête marquée par des étapes
incontournables. Le héros quitte son monde ordinaire pour les sirènes de l’aventure. Il subit
un certain nombre d’épreuves, trouve un mentor, entre dans un monde extraordinaire. Il
découvre l’objet de sa quête qu’il ramène dans le monde ordinaire. L’objet de sa quête
transformera ce dernier. C’est un schéma qu’utilisera George Lucas pour La guerre des
Etoiles, inspiré par l’œuvre de Joseph Campbell. On peut reconnaître en partie la trame du
parcours initiatique de Mad Max, et sa version féminine, Furiosa.

On peut voir dans ce dernier opus, un aspect biblique et mythologique. Furiosa quitte la terre
des Vuvalini, jardin d’Eden, paradis au cœur de ce monde de désert et de violence. Elle se
transforme, suit un parcours initiatique et, comme Ulysse, l’objectif est de rentrer en Ithaque.
Les camions peuvent s’apparenter aux Titans de la mythologie. La route parsemée de

nombreuses épreuves transforme Mad Max et Furiosa en quête d’un paradis perdu. Cela
s’accompagne de la notion de survie, car le héros ne peut mourir. C’est la condition
essentielle pour que le monde ne perde pas son humanité. Depuis, la théorie de Joseph
Campbell a été remise en cause par de nombreux universitaires. Les grands mythes fondateurs
possèdent toutefois des points communs, la quête un Graal pour la Table ronde, un paradis
perdu, le retour à Ithaque, la terre des origines, etc.

On comprend peu à peu que c’est souvent un éveil intérieur plus qu’un objet ou un lieu. Mad
Max devient le cavalier mythique de la route portant l’espoir d’un monde meilleur. Furiosa est
la gardienne de ce lieu qu’elle est la seule à connaître. Au cœur du chaos, dans les ténèbres, il
existe une lumière, seule capable de vaincre le mal. Derrière le cinéma d’action se cache un
message plus universel et plus complexe. Toutes ces explosions, ces batailles sont bien plus
que l’espérance de survivre à l’apocalypse. Les héros de George Miller ne reviennent jamais
indemnes de la voie d’asphalte, de sable. Ils ne sont plus les chevaliers blancs de notre
enfance, mais semblent marqués par la noirceur du monde. Ils devront composer avec ce
chaos qui leur a volé leur innocence.

Fiche technique
Titre original : Furiosa: A Mad Max Saga
Titre français : Furiosa : Une saga Mad Max
Réalisation : George Miller
Scénario : George Miller et Nico Lathouris, d’après les personnages crées par George
Miller et Byron Kennedy
Musique : Junkie XL
Décors : Colin Gibson

Costumes : Jenny Beavan
Photographie : Simon Duggan
Montage : Eliot Knapman et Margaret Sixel
Production : Doug Mitchell (en), George Miller
Sociétés de production : Kennedy Miller Productions et Village Roadshow Pictures
Société de distribution : Warner Bros.
Budget : 168 millions de dollar américain
Pays de production : Australie, États-Unis
Langue originale : anglais
Format : couleur
Genre : science-fiction post-apocalyptique, action
Durée : 148 minutes
Dates de sortie : 15 mai 2024 (Festival de Cannes) 22 mai 2024
Classification :
France : interdit aux moins de 12 ans lors de sa sortie en salles

Distribution
Anya Taylor-Joy (VF : Lutèce Ragueneau) : Imperator Furiosa
Alyla Browne (VF : Coralie Thuilier) : Furiosa, enfant
Chris Hemsworth (VF : Adrien Antoine) : Warlord Dementus
Tom Burke : Praetorian Jack
Lachy Hulme (en) (VF : Yann Sundberg) : Immortan Joe
Nathan Jones (VF : Gilles Morvan) : Rictus Erectus
John Howard : le Mange-Personne
Angus Sampson (VF : Loïc Houdré) : Organic Mechanic

Charlee Fraser (en) (VF : Laure Filiu) : Mary Jo Bassa, la mère de Furiosa
Daniel Webber : War Boy
Quaden Bayles : War Boy
Elsa Pataky : générale Vulvalini
Jacob Tomuri : Max Rockatansky

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