Du 11 octobre 2023 au 28 janvier 2024, la cinéaste belge et incontournable de la Nouvelle Vague
Agnès Varda, est mise à l’honneur à la Cinémathèque Française. «Viva Varda !» est une exposition
qui retrace ses 70 ans de carrière à travers ses multiples casquettes de femme libre, plasticienne,
photographe, et cinéaste. Le parcours de l’exposition nous plonge dans les différentes périodes
artistiques d’Agnès Varda, et déborde de petites trouvailles sur la vie de la cinéaste. Une exposition
réalisée par Florence Tissot et la fille d’Agnès Varda, Rosalie Varda.
Agnès Varda et l’art du bricolage
Réalisatrice phare de l’après-guerre, Agnès Varda était reconnue pour être autodidacte, et
touche à tout. Ce côté bricolé est central dans l’exposition. Elle est richement composée de 250
œuvres. Le maître mot est hétérogénéité. Des photographies inédites prises par l’artiste, des extraits
et des affiches de films, des documents d’archives, des peintures, des costumes, des installations
vidéo, et des objets personnels de la cinéaste, sont à découvrir. Foutraque et foisonnant, cet
ensemble d’éléments crée une expérience sensorielle et visuelle complète. Le parcours de
l’exposition est divisé en plusieurs thématiques. Il permet au visiteur de saisir pleinement la
personnalité complexe d’Agnès Varda en tant qu’artiste engagée. Au début du parcours, nous ne
pouvons être que charmés par cet univers onirique. Un passage de son film «Les plages d’Agnès» de
2008, réalisé dans le but que sa famille apprenne à mieux la connaître, est diffusé au mûr. Car
l’autobiographie est une notion déterminante dans son processus artistique.
Elle revisite aussi subtilement l’oeuvre «Je ne vois pas la (femme) cachée dans la forêt» de René
Magritte, dans une photographie où elle se met en scène, autour d’hommes cinéastes de la Nouvelle
Vague comme Truffaut, Chabrol, ou son mari Jacques Demy. Dans des photomontages disposés à
côté, son attrait pour l’Histoire de l’Art est soigneusement mis en avant. L’exposition n’est pas
alourdie par des objets superflus, et elle réussit à capturer l’essence de chaque période de la vie de
Varda, de ses débuts dans sa maison de production Ciné Tamaris, à ses dernières œuvres avec
l’artiste JR dans «Visages Villages», en 2017. Des objets de décors sont délicatement disposés,
comme la veste de Mona dans «Sans toit ni loi» de 1985, des scénarios papiers d’époque, des
disques 45 tours, etc… «Agnès réalise des films qui concernent les gens», s’exprime Madonna dans
une interview filmée projetée à la fin de l’exposition.
Cahier de souvenirs colorés à ciel ouvert
Rose, bleu, violet, rouge, gris,… Les couleurs des différentes salles permettent au visiteur de
passer d’une période artistique d’Agnès Varda, à une autre. Elles amènent une qualité esthétique
indéniable à l’ensemble de l’exposition. Plongés entre ces quatre murs d’un rose paisible, en clin
d’œil à sa maison rose de la rue Daguerre, nous sommes attendris par une photo autoportrait
d’Agnès Varda. Portant son chat, elle est reconnaissable grâce à son iconique coupe au bol bicolore,
blanche aux racines, et rose en dessous. La salle bleue, quant à elle, marque le début de sa vie de
réalisatrice. Des extraits de films comme «La Pointe courte», soulignant qu’elle a été la première à
réaliser un long métrage de la Nouvelle Vague en 1955, et «Cléo de 5 à 7» de 1962, sont diffusés.
Puis, comme une agréable pause dans le temps, Sandrine Bonnaire dans «Sans toit ni loi» nous
emmène dans ses errances. Car le temps de la fiction chez Agnès Varda est le temps où elle filme.
L’extase se confirme dans nos yeux à mesure que nous avançons dans l’exposition. Sa période hippie
dans la salle violette, nous transporte de bonne grâce à la fin des années 60. Agnès Varda oriente de
manière plus explicite ses convictions féministes dans des extraits du film «Le Bonheur» de 1965, sur
la liberté sexuelle de la femme. L’esprit de l’artiste se conforme à l’agitation sociale de l’époque où elle adhère pleinement, comme le démontre notamment le documentaire «Black Panthers» de 1968,
projeté.
«Viva Varda !» est une célébration poignante de l’héritage d’Agnès Varda. Ses messages résonnent
encore aujourd’hui, soulignant la liberté, la pertinence, et la perspicacité intemporelle de ses œuvres.
Elle laisse une trace indéfectible dans le monde du 7 ème art dans une modernité assumée.
Exposition «Viva Varda !» à découvrir jusqu’au 28 janvier à la Cinémathèque Française à Paris.
S. Leroy
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