Dans le cadre du salon littéraire Livre D’ailleurs qui s’est tenu à Nancy du 04 au 06 mars 2022, nous avons rencontré Mohamed Mbougar Sarr, prix Goncourt 2021 pour La plus secrète mémoire des hommes », Éditions Philippe Rey/ JIMSAAN. 

En 5 questions nous avons évoqué avec lui ce qui rendait la littérature universelle, quelle que fût sont lieu d’écriture.

Mohamed Mbougar Sarr, dans quelle mesure la littérature nourrit-elle les imaginaires et le récit universel?

MBS: La littérature est l’héritière des mythes de tous les premiers récits. Par les questions qui reviennent dans ces mythes, les hommes se sont représentés le monde ainsi que ce qu’ils voulaient devenir.

Le but de toute littérature est d’enrichir l’imaginaire du monde. Cela a quelque chose de fondamental car grâce à la littérature on donne également à voir le monde dans des dimensions qui ne nous apparaissent pas toujours.

Dans la construction de cet imaginaire collectif et de ce récit universel quelle place pour la littérature africaine? 

MBS : La littérature africaine a certes trouvé sa place après des siècles de négation, mais aujourd’hui il n’est plus question de  vouloir justifier cette place. La contribution de la littérature africaine est nécessaire et naturelle puisqu’ elle dit comment une partie du monde vit dans ce monde et se représente ce monde.

Et vous comment êtes-vous tombé dans la littérature ?

MBS : Je crois que la littérature a toujours été un appel successif extraordinaire-Labou Tansi menant à Garcia Marquez, puis à Céline et ainsi de suite.

Finalement la littérature pour moi a toujours été une ouverture vers les autres, qu’ils soient écrivains ou non.

Quels sont les auteurs qui vous ont donné envie d’écrire ?

MBS : La littérature est d’abord une question de jeu, et seuls écrivent ceux qui savent jouer.

Les auteurs qui m’ont donné envie d’écrire sont nombreux et diverses. Ce sont par exemple Yambo Ouologuem, Boubacar Boris Diop, Chinua Achebe, Ahmadou Kourouma, Roberto Bolano, Milan Kundera, Jorge Luis Borges et bien d’autres…

Nous sommes au salon littéraire Livre d’Ailleurs organisé dans le cadre de l’événement Désirs d’Afrique. Dans quelle mesure est-ce important pour des écrivains africains d’écrire l’histoire de l’Afrique ?

MBS : L’Histoire du continent africain peut être racontée par tout le monde. Par exemple Mario Vargas Llosa a écrit Le rêve du celte1 qui a une place importante dans les récits relatifs à la connaissance  de cette histoire. 

Un auteur n’est pas assigné à une culture. Mais cela ne veut pas dire qu’il doit absolument écrire sur tout. Pour ma part,  Il me semble que lorsqu’on est écrivain, il faut aussi écrire sur ce qui nous touche.

 

Entretien mené par Sarah GIORIA NDENGUE

1Le rêve du Celte, Mario Vargas Llosa, Collection Du monde entier, Gallimard , 2011

« Le thème central de ce roman, conduit au rythme haletant des expéditions et des rencontres du protagoniste, est la dénonciation de la monstrueuse exploitation de l’homme par l’homme dans les forêts du Congo – alors propriété privée du roi Léopold II de Belgique – et dans l’Amazonie péruvienne – chasse gardée des comptoirs britanniques jusqu’au début du XXe siècle. » Présentation Gallimard

A lire également