« Je m’appelle Pinocchio. Je suis la marionnette la plus célèbre au monde. Vous savez sûrement pourquoi mon nez s’allonge… Mais vous ne connaissez pas ma véritable histoire. Le moment est venu de vous la raconter. »
Le pitch de la quatrième de couverture est accrocheur. Écrite à la première personne, avec une verve et une distance pleine d’humour, l’histoire « du pantin le plus célèbre que le monde ait jamais connu » devient une épopée sous la plume de l’anglais Michael Morpurgo.
Un Anglais très francophile
Né en 1943, Michael Morpurgo se voit d’abord, à 18 ans, sous l’uniforme. Avant de se raviser et d’épouser à 20 ans la fille du fondateur des éditions Penguin, l’une des plus importantes maisons d’édition britanniques. Il embrasse alors une carrière d’enseignant en anglais, qu’il interrompt en 1976 pour exploiter une, puis trois fermes dans trois régions d’Angleterre (le Devon, le Pays de Galle et le Gloucestershire), où sa femme et lui accueillent chaque année plusieurs centaines d’enfants…
En 1982, il publie son premier roman : Cheval de guerre (Folio Junior, 347), le premier de plus d’une centaine d’ouvrages, traduits dans le monde entier, dont beaucoup sont couronnés par des prix littéraires.
Il milite sans relâche pour la littérature jeunesse, dans les médias, dans les écoles et les bibliothèques, en Grande-Bretagne, dans de nombreux endroits de la planète et particulièrement en France. Il est l’un des rares auteurs anglais à avoir été fait chevalier des Arts et Lettres en France.
Pinocchio, l’odyssée fantasque
Même s’il respecte les fondamentaux, Michael Morpurgo n’hésite pas à prendre des libertés avec le chef-d’œuvre mondial de la littérature enfantine publié en 1883 par le journaliste italien Carlo Lorenzini (1826 – 1890) sous le pseudonyme de Carlo Collodi. Découpé en 12 chapitres d’une vingtaine de pages abondamment illustrées, le récit de ses aventures par la créature de Gepetto prend ici des allures de folle épopée.
Avec un art consommé de maintenir son jeune (et moins jeune) lecteur en éveil permanent, l’auteur manie avec beaucoup d’aisance humour mordant et suspense haletant. « Cinq pièces d’or et une étrange rencontre avec un renard boiteux et un chat aveugle » (chapitre 4)… « J’échappe aux dents de la mort pour tomber dans une poêle à frire » (chapitre 9)… Il semble y avoir à la fois, dans cette odyssée fantasque, des airs du Petit Prince et du Don Quichotte.
La « vraie histoire de Pinocchio » enfin révélée par lui-même, comme une fable se termine par une morale : pantin, fille ou garçon, « nous sommes tous pareils, au fond, et personne n’est là pour tirer nos ficelles ! Compris ? »
Bernard Visse.
Extrait
« Mais la vérité est que je ne suis pas simplement un pantin, je suis quelque chose de plus que des bouts de bois et de ficelle. Je suis moi. Je suis donc comme vous, finalement. Je veux dire que vous n’êtes pas seulement de la peau, des cheveux, de la chair et des os, n’est-ce pas ? Vous êtes vous. Eh bien, dans ce sens, si on y réfléchit, nous sommes à peu près pareils.
Et nous sommes semblables pour une autre raison aussi. Au début, je n’étais peut-être qu’un morceau de bois destiné à devenir un pantin, mais vous, vous n’étiez pas tellement mieux : juste une petite chose gigotante, destinée à devenir une personne. Ce ne sont pas simplement le morceau de bois, ni la chose gigotante qui nous ont faits ce que nous sommes – pour le meilleur ou pour le pire -, c’est ce que nous avons fait de notre vie après, ce qui nous est arrivé par la suite. »
Deux livres de cet auteur sont parus en ce mois d’octobre 2015 :
Michael MORPURGO : Pinocchio raconte Pinocchio.- Paris : Gallimard Jeunesse, octobre 2015. Traduit de l’anglais par Diane Ménard, illustré par Emma Chichester Clark. 251 pages. ISBN : 978-2-07-066327-9. Prix : 12,50 €. Roman Junior, à partir de 9 ans.
Michael MORPURGO : Mimi et le dragon des montagnes.- Paris : Gallimard Jeunesse, octobre 2015. Traduit par Karine Chaunac, illustré par Helen Stephens. 48 pages. ISBN : 978-2-07-066717-8. Prix : 9,90 €.