De grandes espérances
Genre : Drame
Pays : France
Durée : 1h45
Réalisateur : Sylvain Desclous
Acteurs : Rebecca Marder, Benjamin Lavernhe, Emmanuelle Bercot

C’est un petit paradis qui vole en éclats sur une petite route corse. Madeleine et Antoine, petit couple heureux, sont en route pour un avenir tout tracé. Madeleine prépare son oral pour entrer à l’ENA, pour bousculer de l’intérieur cette politique qui s’endort. Plutôt à gauche, ils partagent les mêmes convictions, changer ce monde accroché à ses vieilles idées. Un soir, ils rencontrent lors d’un diner Gabrielle Dervaz, une députée aux convictions affirmées. Elle apprécie le travail de la jeune Madeleine et lui propose à
demi-mot de rejoindre son équipe. Demain s’éclaire du soleil des beaux jours et d’un ciel bleu à l’horizon, sans aucun nuage. Il suffit d’une petite route, d’une rencontre et d’un drame qui scelle leur destin couvert d’un nuage noir. Peu à peu, ses liens si profonds se désagrègent sous le poids de ce silence qui les lie à jamais. Ils affronteront la tempête, chacun à leur manière mais personne n’en sortira indemne.

Nous retrouvons des thématiques propres à tous les films de Sylvain Desclous, comme l’idée d’un paradis perdu. C’est plus évident dans Vendeur et De grandes espérances. C’est un avenir radieux qui explose face au destin. Il suffit d’un événement, un grain de sable sur la route de notre jeune couple pour que le bonheur se transforme en orage. La question devient : Comment Antoine et Madeleine résisteront-ils à cette tempête ? Garderont-ils le silence ou, gagnés par la peur, choisiront-ils des chemins différents ? C’es un caillou jeté dans l’eau dont les cercles ne finissent pas d’éclabousser le destin des personnages. Nous retrouvons chez Sylvain Desclous des récurrences, comme la relation au père, à plusieurs niveaux, dans ce dernier film.

La relation entre Antoine et son père, qui se dévoile au fur et à mesure, n’est pas la même que celle de Madeleine. Il y a un soin particulier apporté à la trajectoire des personnages comme un chemin initiatique porté par les événements qu’ils affrontent et qui les construisent, voire pour De grandes espérances les transforme. Desclous s’exprime dans un mélange de fiction et de documentaire pour le style pour mieux saisir la profondeur de leurs âmes. La situation professionnelle des personnages est extrêmement documentée et le reste appartient à la fiction. Il existe un discours politique, souvent engagé dans la filmographie de Sylvain Desclous. Nous touchons aussi au genre policier avec le trio classique de l’amant, la femme et le mort.

Le mort est peut-être la politique dans ce cas. La poésie s’invite dans le récit, à la fois dans sa romance du début et ses paysages ensoleillés, et à travers les mots de Neruda et Prévert. Elle est dans la séquence d’ouverture, rappelant la naissance, les origines. C’est dans les moindres détails que se posent les enjeux plus complexes de cette trahison, proche d’un drame antique. Le sens du cadre est important. En quelques images, un homme à sa fenêtre nous en dit beaucoup plus qu’un long discours sur le père et les origines prolétaires de Madeleine. La jeune Rebecca Marder confirme en quelques films tout le talent prometteur qui est le sien.

Patrick Van Langhenhoven

Fiche technique
Titre original : De grandes espérances
Réalisation : Sylvain Desclous

Scénario : Sylvain Desclous, Pierre Erwan Guillaume
Photographie : Julien Hirsch2
Montage : Isabelle Poudevigne3
Musique : Florencia Di Concilio3
Sociétés de production : Sésame Films, Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma
Sociétés de distribution : The Jokers / Les Bookmakers (France), Vertigo Films distribution (Belgique)
Pays de production : France
Format : couleur — 2,39:1 — son 5.14
Genre : drame
Durée : 105 minutes
Dates de sortie : 22 mars 2023 Distribution
Rebecca Marder : Madeleine Pastor
Benjamin Lavernhe : Antoine Mandeville
Emmanuelle Bercot : Gabrielle Dervaz
Marc Barbé : Yvan Pastor, le père de Madeleine
Pascal Elso : Bertrand Mandeville, le père d’Antoine
Thomas Thévenoud : Thomas Peltier, le ministre du Travail6
Cédric Appietto : Lucciani
Jean-Emmanuel Pagni : lieutenant Hassani
Pascal Rénéric : le directeur général de Rochambeau
Aurélie Marpeaux : l’ouvrière
Holy Fatma : l’avocate
Marie-Pierre Nouveau : la juge

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