Abel ne voit pas d’un bon œil le mariage de Sylvie, sa mère, professeure de théâtre, avec Michel. C’est peut-être le passé de ce dernier, qu’elle a connu et épousé en prison. Michel promet que celui-ci est derrière lui et qu’il se consacrera désormais à son unique amour. Pour preuve, il travaille dans un magasin de bricolage et tente de sympathiser avec le réticent Abel. Sylvie, grâce à Michel, ouvrira bientôt un magasin de fleurs pour vivre le parfait amour. Abel, suspicieux, pense que l’argent du magasin cache un mauvais coup. Dans cette comédie amoureuse sur fond de soupçons et de petites magouilles entre amis, il nous manque un dernier personnage, Clémence. Elle travaille avec Abel dans un aquarium. Abel se remet difficilement de la disparition de son grand amour et ne voit pas les signaux envoyés par Clémence. Tout ce petit monde, sauf Sylvie, finit par se retrouver embarqué dans un drôle d’endroit pour une rencontre (Un parking). Cette dernière bouscule beaucoup de certitudes, révèle des vérités cachées et change la vie de nos amoureux.
Après une fable écologique, Louis Garrel revient avec un conte de vie amoureux. Derrière une équipée rocambolesque et un fric frac de Pieds Nickelés, se cache un beau regard sur le sentiment amoureux. C’est bien ce dernier que Louis Garrel regarde évoluer à travers ses différents personnages, dans l’esprit de la comédie Italienne. Chacun dissimule un secret, comme le dit Roschdy Zem dans notre interview. Sylvie est la seule à ne rien dissimuler, emportée par un sentiment amoureux fort et sincère. Michel est prêt à tout pour qu’il fleurisse, même à monter un coup pour concrétiser le rêve de sa bien-aimée.
Abel, prisonnier d’un amour ancien, ne voit pas qu’il frappe de nouveau à sa porte. Clémence, dans un ballet sans fin de rencontres sur les applications des réseaux sociaux, envoie des signes à un Pierrot lunaire. Dans l’esprit de la comédie italienne de la grande époque des années cinquante, comme Le pigeon, chacun trace son chemin plein de bonnes intentions qui crée des situations cocasses et parfois décalées. Louis Garrel nous offre une fin et un dialogue remarquables, à lire entre les lignes.
Le théâtre, la figure du voleur jouant souvent double, voire triple jeu se retrouve en seconde lecture. Le réalisateur s‘amuse de ce jeu dans le jeu qu’endosse chaque personnage. Cela donne une scène de préparation cocasse d’Abel et Clémence sous le regard des deux spécialistes, Michel et son complice. De notre avis, on peut retrouver les personnages de la commedia dell’arte dans Michel (Arlequin), Sylvie et Clémence (Colombine) et notre Pierrot, Abel. Dans ce jeu du mensonge, ils oublient que la vérité est peut-être bonne à dire. C’est l’amour qui finit par triompher, chacun dévoilant ses sentiments, parfois jusqu’au sacrifice.
Patrick Van Langhenhoven
Fiche technique:
Titre original : L’Innocent
Réalisation : Louis Garrel
Scénario : Louis Garrel, Tanguy Viel, Naïla Guiguet
Musique : Grégoire Hetzel
Décors : Jean Rabasse
Costumes : Corinne Bruand
Photographie : Julien Poupard
Production : Anne-Dominique Toussaint
Sociétés de production : Les Films des Tournelles, Arte
Société de distribution : Ad Vitam (France)
Pays de production : France
Langue originale : français
Format : couleur — 2,39:1 — son 5.1
Genre : comédie policière
Durée : 100 minutes
Dates de sortie : 24 mai 2022 (Festival de Cannes 2022)
12 octobre 2022
Distribution
Louis Garrel : Abel
Roschdy Zem : Michel
Anouk Grinberg : Sylvie
Noémie Merlant : Clémence
Jean-Claude Pautot : Jean-Paul
Yanisse Kebbab : le chauffeur du camion transportant du caviar
Léa Wiazemsky : témoin du mariage de Sylvie
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