Genre : policier
Pays : France
Durée : 1h42
Réalisateur : François Ozon
Acteurs : Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder, Isabelle Huppert

La jeune Madeleine, actrice sans grand talent mais au joli minois a rendez-vous avec Montferrand pour un rôle important. Elle vit en colocation avec Pauline, une jeune avocate en quête de renommée. La pauvre Madeleine se retrouve accusée du meurtre du producteur et ça tombe bien, voilà une affaire pour Pauline !
Le juge d’instruction, Gustave Rabusset, compte bien mettre le crime KO et démasquer la drôlesse. C’est donc devant les tribunaux que se joue le sort de la pauvresse qui s’accuse à tort. Libérée grâce au talent de
Pauline, les deux jeunes femmes gagnent la sympathie de la foule et la célébrité au passage. La vie est
belle jusqu’au jour où Odette Chaumette, une actrice du muet, revendique ce crime. Chantage, amour,
rebondissements spectaculaires, des messieurs avisés attendent nos deux héroïnes pour des raisons
diverses et un final de la Belle Epoque.
« Je me demande si je n’ai pas soudain perdu la notion du bien et du mal » Mon Crime André Dussolier.
Pour François Ozon, 8 femmes marquait le renoncement au patriarcat et au bout, l’homme se suicide.
Potiche promeut l’avènement du matriarcat, Mon crime annonce la sororité. C’est un regard sur la femme
à travers ces trois comédies boulevardières dans un mélange de cinéma et de théâtre de la vie. Il adapte
une pièce des années trente de Berr et Louis Verneuil pour aborder l’ère Me Too. C’est la condition et
l’avènement des femmes, comment elles s’entraident pour finir par faire bloc contre le patriarcat
triomphant et prendre le pouvoir. Comme dans les deux comédies précédentes, le genre se trouve
détourné pour nous parler de nous-mêmes et de nos errements masculins.
C’est à travers une galerie de figures cocasses que se jouent des enjeux bien plus grands. C’est d’abord le
producteur Montferrand, homme d’affaires dans une clinquante maison Art Déco, symbole de sa réussite.
Le théâtre est pour lui un prétexte à profiter des jeunes actrices prêtes à tout pour un rôle. Nous
retrouverons un autre homme d’affaires, incarné par Dany Boon, excellent, dans une figure provençale
décalée, pittoresque, à la Raimu. Le duo du juge et de son greffier, Fabrice Luchini et Olivier Broche,
représente la figure autoritaire de la loi. Daniel Prévost complète ce tableau en Président des Assises.
Pour faire bonne mesure dans cette farce contemporaine aux allures vintage, nous rajouterons un autre
homme d’affaires à l’ancienne, André Dussolier, inquiet pour son fils. Du côté des femmes, deux
innocentes, naïves, en quête d’un avenir meilleur, un tantinet opportunistes, se révèleront bien plus
manipulatrices. Il manque dans cette galerie à la Feydeau (ou à la Guitry), une actrice sur le retour,
remarquable Isabelle Huppert. La mise en scène joue des décors de studio et d’extérieurs pour reconstituer
un univers ancien. L’artifice est roi, que ce soit dans les décors, les stratégies des uns et des autres, les
choix des cadres. Derrière la farce se cache une réalité bien plus moderne et des enjeux plus complexes
sur le féminisme aujourd’hui.

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