L’époque des festivals est bien de retour sous nos yeux ébahis de bonheur à travers les rayons ardents du soleil qui sillonnent notre bière devant une scène de festival. En passant par le JDM, les festivals Décibulles et Les Ardentes qui viennent de clore leur édition, le Nancy Jazz Kraft était un des festivals précurseurs français les 20, 21 et 22 mai. Une dizaine d’artistes étaient à l’affiche comme : Vicky R, 2 Panheads, Tubatomix, ect.. C’est le dimanche matin que nous nous y sommes rendus, alors que les nancéiens se réveillaient tout doucement de leur soirée mouvementée à la Porte de la Craffe. Nous avions rencontré le DJ T-Zion à quelques heures de la fin du festival. Alors que l’industrie musicale française et internationale est plongée dans l’ère du rap et de la techno, genres plébiscités par les jeunes entre 16 et 30 ans, nous nous sommes arrêtés un instant dans le temps pour recueillir les propos du luron reggaeman : T-Zion.

Un métier commencé dans l’effervescence des festivals

C’est après son set à 11h du matin, entre la buvette et les frites qui étaient en de frire à côté des festivaliers, que nous avions discuté avec T-Zion. Comment tout a commencé pour l’artiste assoiffé de culture reggae ? T-Zion nous avait alors avoué : « C’est en allant à des festivals et des concerts que tout a commencé pour moi. J’étais déjà passionné de musique avec des vinyles et des cassettes. C’était dans les débuts du rap français, je me suis ensuite vite intéressé au reggae. Et finalement si on va aux racines du rap on remonte au reggae. Et c’est comme ça que je suis tombé amoureux de ce rythme ».

A partir de là, l’artiste a commencé à diguer des disques. Il a continué à nous raconter ses souvenirs avec un brin de nostalgie : «  Et plus j’allais dans des festivals plus je me rendais compte qu’il y avait beaucoup de DJ’S qui faisaient des mix différents et c’est là que je me suis dis que ça me correspondait. Comme c’est quelque chose qui se fait en équipe, je me suis réuni avec des amis, et on a commencé à monter un crew qui diffusait de la musique sur la radio et dans des soirées. Mes sets sont vraiment préparés au feeling, ça va dépendre des situations, de l’endroit où on joue. Là par exemple il est 11 heures au Nancy Jazz Kraft. Ce n’est pas la même chose que tu envoies à 2heures du matin en festival ». L’artiste reggaeman nous a également fait part de cette notion d’adaptation, et du fait qu’il propose ce qu’il aime au meilleur moment et à l’endroit le plus adapté.

 

Une évolution dans la diffusion des sons reggae

«  J’ai une playlist très élargie qui est dans ma tête et dans mon ordinateur. Par exemple aujourd’hui c’est totalement au feeling. Par rapport aux morceaux que je joue je suis toujours à 4/5 morceaux en avance dans ma tête » continue T-Zion. A travers ses propos, on ne peut que remarquer une incontestable mélancolie quant aux méthodes de diffusions utilisées à ses débuts : « Maintenant c’est plus compliqué avec la technologie qui a évolué. Parce qu’avant on avait des vinyles et c’était facilement reconnaissable grâce au rond et à la couleur du label, car les labels avaient la même couleur souvent. Mais là dans l’ordinateur, il n’y a aucun marqueur physique, donc c’est vraiment tout du mental et moi j’ai vécu cette transition ». T-Zion fonctionne essentiellement à l’élaboration de ses playlist au feeling comme il l’a si souvent répété en interview.

Cette technique est ainsi propre à chaque artiste, certains vont par exemple arriver avec une playlist détaillée, ils ont préparé tout cela à l’avance et « ne vont pas en démordre », selon les dires de l’artiste. « Moi je déteste préparer à l’avance parce que j’aime m’adapter. Ce matin à 11heures par exemple il n’y avait pas grand monde, ensuite des enfants et des familles sont arrivés. Je n’ai pas joué la même chose que ce que je pensais en arrivant. Moi je ne suis pas réellement un DJ au final mais un sélecteur. Sélectionner la bonne musique pour le bon moment. Ce n’est pas de la technique de DJ » a t-il poursuivi.

Inspirations culturels qui nourrissent l’artiste

Fervent de reggae, on en revient à ses origines avec quelques uns des fils Marley, des sommités dans le domaine, et l’ancienne génération du dancehall jamaicain, concernant les inspirations de T-Zion. « Et on s’intéresse de là à tout ce qui en découle. On reste connecté au jour le jour avec ce qui se fait. On écoute, on trie, et on prend le meilleur. Je suis beaucoup influencé par la Jamaique et ce qui se fait là-bas, évidemment on ne va pas se mentir » a continué T-Zion avec des étoiles dans les yeux.

Alors que l’on était en train de discuter des inspirations du reggaeman, T-Zion avait décidé d’aborder un point sociologie : «  Moi je joue du reggae qui est une musique de black people, mais il y a de moins en moins de black people dans les soirées ou dans les festivals. Quelque part j’ai aussi un problème avec ça, même si je sais que la faute n’est pas sur moi. Le problème est évidemment plus global et plus général. Je trouve que sur les événements que je fais sur les derniers temps, la population n’est pas assez mixée. C’est de plus en plus communautaire partout où l’on va. Cela se retrouve aussi aujourd’hui dans les cultures et les musiques actuelles : et c’est bien dommage. Je prône et je prêche tout le contraire ».

Au sujet de ses projets, T-Zion exerce depuis 20 ans cette profession. Il considère ainsi qu’il est plutôt sur la fin de sa carrière que sur les débuts. Les perspectives d’avenir pour l’artiste sont de pouvoir continuer à diffuser de la musique dans les meilleurs conditions : «  J’ai envie aussi de faire de l’humanitaire à l’avenir et pouvoir partager plusieurs valeurs. De pouvoir transmettre mon savoir aussi. C’est plus maintenant ce que je recherche plutôt que de vouloir conquérir une certaine notoriété ».

L’artiste aux multiples ressources considère que le Nancy Jazz Kraft est un nouvel élan dans la ville et l’ennoblit. Il a ainsi parlé de la position géographique de cet événement : « C‘est dans un quartier historique où il se passe généralement pas grand chose. Culturellement parlant c’est vraiment super d’avoir de nouvelles scènes à Nancy. Je trouve ça bien que le NJP( Nancy Jazz Pulsations), ne se contente pas de jouer une fois dans l’année, même si on sait tous que c’est l’événement principal. Un petit événement à côté qui réunit des familles et des valeurs du vivre ensemble c’est super.». L’équipe de Lumières en Arts vous souhaite un excellent été rempli de magnifiques festivals. Continuez à vous abreuver de musique et de bonheur.

Sarah Leroy

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