Le grand Palais a ouvert ses portes sur une exposition consacrée à Toulouse Lautrec. Quel choc ! On connait de lui sa petite taille et son penchant pour la vie légère et les lieux de plaisir, mais c’est un tout autre homme que l’on découvre ! Un homme résolument moderne qui a voulu connaître avec une avidité dévorante tout ce que la société de la fin du 19ème siècle pouvait lui offrir. Tour à tour photographe, peintre, illustrateur, affichiste, portraitiste, chroniqueur,  il fut un observateur insatiable de la vie et de l’âme de ses contemporains.

Henri de Toulouse Lautrec souffrait d’une maladie génétique qui avait ralenti sa croissance. En dépit de sa petite taille et de ses fractures à répétition, on retiendra un homme débordant d’énergie,  qui saisissait avec avidité tous les plaisirs de la vie.

Les œuvres sont regroupées dans douze salles, chacune illustrant un aspect de l’artiste.  Se dressant contre une peinture qu’il juge mièvre et insipide, dès l’âge de 17 ans, il prône un naturalisme audacieux, vigoureux, que l’on peut saisir dans le portrait sans complaisance de sa maîtresse  Suzanne Valadon qu’il peint trois ans plus tard. Dans les années quatre-vingt il aborde les portraits de femmes de toute condition. Les rousses le fascinent, comme en témoignent le portrait de Carmen  Gaudin qu’il  représente  de face, en toute majesté et c’est probablement elle que l’on voit de dos, dans une pose que l’on imagine impudique, sur une toile intitulé « Rousse (la toilette)».

 Il brosse aussi un certain nombre de portraits masculins dont celui de son cousin, le Docteur Tapie de Céleyran  qu’il saisit dans les couloirs de la Comédie Française.

C’est à cette époque qu’il rencontre Vincent Van Gogh et Emile Bernard avec lesquels il exposera certaines de ses toiles à Paris. A la fin de ces années, grand fan de chevaux et enthousiasmé par les numéros de cirque, il fixera des scènes en  mouvement comme  « Au cirque Fernando, l’Ecuyère » ou «Le Jockey.

 Mais il n’oublie pas les plaisirs que lui offre Montmartre, ses cabarets et autres music-halls où il se mêle à la faune locale, qu’il s’agisse de femmes du monde, de midinettes ou de prostituées. Au Moulin Rouge il  découvre entre autre la chanteuse Louise Weber, dite «La Goulue », dont la gouaille et les propos lestes l’enchantent. Plus tard il sera séduit par une autre chanteuse, Yvette Guilbert, dont il a fixé l’image avec ses jeux de physionomie, ses lèvres accentuées de rouge, sa chevelure rousse et ses gants noirs qui deviendront son symbole.

Les dernières salles sont consacrées à la passion de  Toulouse Lautrec pour la féminité, qu’il s’agisse de sages jeunes filles ou de prostituées. Il fréquentera assidûment les maisons closes, il s’y installera parfois, pour en saisir des moments de leur vie, avec tendresse, sans voyeurisme, se faisant discret et bienveillant.

Nous devons cette riche exposition qui réunit près de 200 œuvres de l’artiste,  au talent des Commissaires Stéphane Guégan, Conseiller Scientifique auprès de la Présidence des musées d’Orsay et de l’Orangerie et Danièle Devynck, Conservateur en chef du Patrimoine, Directrice du musée Toulouse Lautrec à Albi. Fermeture des portes le 27 janvier 2020, à ne pas laisser passer !

Le grand Palais, 3 Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris,  Métro  Champs-Elysées Clemenceau, ouvert les lundis, jeudis et dimanches de 10h à 20h, les mercredis, vendredis et samedis de 10h à 22h. Fermeture hebdomadaire le mardi. Plein tarif : 15 €, Tarif réduit : 11 €.

Léa Berroche, Rédactrice au Magazine « Lumières en Arts »

 

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