THE REPLACEMENT

Genre: Thriller
Pays: Espagne
Durée: 1h59
Réalisateur : Óscar Aibar
Acteurs: Ricardo Gómez, Vicky Luengo, Pere Ponce

Nous sommes à la veille de la Coupe du monde et d’une élection décisive pour l’avenir de
l’Espagne en 1982. Andrés pense trouver à Dénia, petit village de la côte, un nouveau départ
pour lui et sa famille. Dans sa nouvelle affectation, loin des quartiers difficiles de Madrid, ce
flic intègre imagine s’insérer sans problème. Il déchante rapidement. Derrière sa façade
balnéaire, Dénia cache de lourds secrets. Andrés remplace un inspecteur mort dans des
circonstances mystérieuses. On ne touche pas à cette enquête en relation avec un groupe
d’exilés allemands. Pourtant, en compagnie de son nouveau collègue surnommé Columbo,
ancien coéquipier du mort, ils exhument le dossier. Andrés fouille dans le passé et le présent
de la petite ville pour découvrir de lourds secrets liés à l’Espagne franquiste et l’Allemagne
nazie. Il est trop tard pour laisser les morts en paix. De fil en aiguille, il remonte une piste de
plus en plus dangereuse. Andrés et Columbo ne sont pas décidés à laisser le silence enterrer
les morts. Il est temps, à l’aube d’un monde nouveau, de regarder ses démons en face et ne
plus laisser cette ville vous changer.
« Toutes les deux ou trois générations, lorsque la mémoire s’étiole et que les derniers témoins
des massacres précédents disparaissent, la raison s’éclipse et des hommes reviennent propager
le mal » Olivier Guez.
Dans la lignée de La Isla Minima, Madres Paralelas, et bien d’autres The Replacement
aborde, derrière son enquête, le passé trouble du franquisme. L’Espagne se tient à l’écart,
avec son général fasciste, de la Seconde Guerre mondiale. À la chute des armées noires, elle
n’a pas sonné la curée. Les hommes du mal n’ont pas émigré bien loin. Le soleil de la côte
espagnole valait bien celui de l’Amérique du Sud. Nous sommes à la veille d’un pays prêt à
basculer dans le rouge. Il pense quitter l’esclavage pour l’espérance. Il ne fait pas bon
exhumer certaines parties du passé. Comme le dit Columbo : « la vérité peut éclater au grand
jour ». Il suffit d’un flic tenace, croyant encore en la justice pour que la flamme s’allume.
Andrés devra lutter contre toute une ville pour qu’elle éclate. Il comprend vite que le mal est
bien plus étendu. Derrière le cadavre se cache un horizon sombre masquant une réalité encore
bien accrochée, comme le coquillage au rocher. Plus il avance, plus il dévoile une toile tissant
ses liens jusque dans les forces de l’Etat. Dénia, à l’aube de basculer dans le socialisme, fait
figure d’irréductible. Le franquisme s’accroche comme d’autres forces noires du vingtième
siècle. Il soulève la part de l’Espagne dans la Seconde Guerre mondiale et surtout dans la fuite
des nazis. Andrés n’imaginait pas qu’elle pouvait encore exister dans cette fin de siècle.
Inspiré d’une histoire vraie, celle-ci nous inquiète sur ce renouveau des idées fascistes qui
possèdent encore un terreau profond. C’est aussi la quête du père qui trouvera sa solution à la
fin. Le spectateur se doute assez vite des secrets dissimulés dans la nuit. C’est derrière

l’évidence que se cachent d’autres révélations qui nous surprendront. C’est dans ses portraits
du flic tenace, de sa famille, d’une jeune infirmière, d’un commissaire pas très net, d’un flic
désabusé et d’un village ancré dans le passé que le film trouve sa force. C’est une bonne
réussite qui nous interroge sur le monde que nous voulons. Cette histoire, par certains aspects,
apparaît très moderne.

Patrick Van Langhenhoven

DVD

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